» donna fieu au camp ennemi de fe mettre en état de les
„ recevoirj malgré cela, les troupes Pampangues entrèrent dans
„ ce camp, tuèrent les fentinelies avancées, & causèrent beaucoup
» de dommage à l’ennemi : ces Indiens n’en fouffrirent pas
» moins de la fufillerie ennemie; ils en auroient encore fouffert
„davantage, s’il n’y avoit pas eu de mêlée; car les ennemis,
„dans la crainte de fe nuire à eux-mêmes, n’osèrent faire
» jouer quelques canons chargés à mitrailles , qu’ils avoient
» préparés & poftés en différens endroits. Les piquets voyant
» ce déibrdre, firent halte devant l’églife de Saint-Jean - de-
» Bagumbayan , d’où ils firent feu contre celle de Saint
Jacques, & protégèrent ainfi la retraite des Pampangues,
„ qui s’exécuta à neuf heures du matin. L’aétion fut fanglante
„ de part & d’autre; il y eut un foldat des piquets de tué 5s
» huit bleffés : la mortalité fut grande parmi les Pampangues.
» On apprit depuis que les ennemis ayant perdu quelques-
» uns de leurs Officiers , qui furent tués dans i’aétion, avoient
„ fa it pendre dans leur camp plus de foixante Pampangues,
„ qu’ils avoient pris 6c faits prifonniers; cette aélion déconcerta
„ 5c intimida tellement tous les autres , qu’ils fe retirèrent
„chacun dans leurs villages; de forte qu’il en refla très-peu
„ qui vouluflent rentrer à Manille.
„ Cette aélion n’interrompit point le feu de la batterie contre
„ le baftion de la Fondition, de forte qu’on s’aperçut au point
» du jour qu’il étoit tombé dans le foffé un canon de dix-huit,
33 qu’on ne put retirer ; avec la plus grande partie de ia face 5c
33 terre-plain du même baftion, dont les ruines avoient mis le foffé
33 à fec; mais ce qui donna la plus grande inquiétude, fut que
33 l’Ingénieur reconnut que les ennemis étoient occupés à former
33 une nouvelle batterie, dirigée à démonter l’artillerie, les flancs
collatéraux des baftions Satnt-André 5c Saint-Eugène, qui «
flanquoient 5c défendoient l’entrée au chemin couvert 6c l’ap- a
proche de la brèche ; 8c en effet, à midi cette batterie com- «
mença à jouer avec tant d’aélivité, qu’en deux heures de temps «
elle démonta les canons des flancs , renverfa par terre les «
parapets, 6c tua quelques fufiliers 6c travailleurs : deux fois «
on fit d’autres parapets avec des folives 6c des facs de fable, «
6c à chaque fois ils furent ruinés le moment d’après ; de forte «
qu’on fut obligé de retirer le monde de deffus ces baftions: «
celui de Saint-André ne fouffrit pas tant, parce qu’il étoit «
plus fort; mais il eut un canon de dix-huit de démonté, «
placé dans le flanc élevé. Nous 11’eumes plus d’efpérance que «
dans un autre canon d’égal calibre, des deux qui étoient «
dans ce flanc ; parce qu’encore que nous enflions deux canons «
de quatre dans ia place bafle, ces canons ne pouvoient être «
que de peu de fervice. «
Notre Capitaine général informé de tout, affembla le «
Confèii de guerre dans l’après-dînée de ce même jour : ce «
Confeii dura jufqu’à la nuit. Le Meftre-de-camp, le Sergent- «
major de la Place, celui de Cavité; le Sergent-major du «
régiment du R o i, celui des Miliciens ; les Députés du Com- «
merce, de la ville, 6c des différens Ordres eccléfiaftiques y «
afliftèretit : ils furent tous introduits par l’Ingénieur ordinaire. «
C e lu i-c i ayant rendu compte de l’état fatal dans lequel fe «
trouvoit la Place, les avis ou opinions furent partagés : tout /<
le monde, à l’exception des Militaires, opina pour que l’on «
continuât la défenfe , en fe fervant des moyens ordinaires «
des réparations néceffaires aux baftions, 6c en faifânt des «
coupures, 5cc. les Militaires furent d’avis que l’on capitulât; «
mais leur ayant demandé fi leur avis étoit de capituler fur le «
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