Malanao ; il peut avoir huit lieues de tour, qui contiennent
neuf villages ou peuplades; il y a dans Mindanao un grand
nombre d autres lacs beaucoup moins cônfidérables ; tous ce?
lacs ont donne le nom à i Iile : Mindanao lignifie homme
de lagune .
Dans le chemin qui traverfe les montagnes depuis Maubati
julquà Tayabas, on trouve une fouree d’eaux fuifureufes ■;
■les Eipagnols n en font pas grand ulage, mais les Indiens y
ont beaucoup de confiance, ils en ufent, & ils difent qu’il*
s’en trouvent bien.
On prétend à Manille, qu’aux environs du volcan d’AIbay*
on trouve auffi plufieurs fources d’eaux chaudes , dont une
fur-tout a la propriété finguiière de .pétrifier ce qu’on y
jette ; les Eipagnols racontent à ce fojet des choies tout-à-fait
extraordinaires : mais à l’égard des pétrifications, on en trouve
en quantité aux environs de Manille, fur-tout dans une
carrière de pierre à chaux; if y a de greffes branches
d arbres, des feuilles, & julqu’à des crabes pétrifiés : j’en envoyai
jfiufieurs très-curieux à feu M. le Duc de Chaulnes,
A R X I jC i .JE Q JJ A T R I È H E.
De la fertilité' des Philippines ir de l ’agrément de la vit
qu’on y éprouvé,
L a fertilité dont font les Philippines & l'agrément dont
on y jouit, font dues à leur climat, qui eft chaud, & à l’humidité
dont le terrein regorge, fans cependant être trop
marécageux: il arrive fle-là que les rivières, les prairies,
les campagnes , les montagnes même, font pour ainfi dire
couvertes de.bois, dayenues .& d’herbes, qui entretiennent
toute
toute l’année une verdure & une fraîcheur continuelles.
C ’eft pour ainfi dire un printemps perpétuel, les arbres ne
fe dépouillent jamais de leurs feuilles, les campagnes font
tapiffées d’herbes & émaillées de fleurs, dont les différentes
odeurs enchantent l’odorat; il s’y trouve quantité d’arbres
qui fourniifent des fruits excellons ; le même arbre a fouvent
des fruits & des fleurs en même temps : les fruits font très-
bons & très-nourrifîàns.
La principale nourriture de ces Ifles eft le r iz , & c’eft la
foule que les Eipagnols ont trouvée quand ils font venus
aux Philippines : le froment n’étoit point alors dans ces Ifles,
on étoit obligé de le faire venir de Chine; aujourd’hui on
l’y recblte en abondance ■& foffifamment pour fournir aux
boulangeries qui fe font établies à Manille, & qui font de
très-bon pain: les Vaifleaux s’y pourvoient auflï de bifeuit.
Les perfonnes qui font trop éloignées de Manille pour
avoir journellement du pain, font provifion de beau & bon
bifeuit, en forte que pour cet objet on n’a point befoin de
fecours étranger, fi ce n’eft dans des cas très-rares.
Ce cas fut celui où je me trouvai en arrivant à Manille:
je n’ai jamais pu lavoir la raifon pour laquelle le pain manqua
fubitement à notre arrivée, & au point que nous fumes
réduits, pendant près de fix femaines, à ne manger que du
r iz , aliment qui peut être très-bon, mais aiiez iniîpide pour
des Européens, & fur-tout pour les François ; le Gouverneur
foui avoit du pain. M. de Cafeins, commandant le Bon-confeil,
effrayé de cette difette, par la crainte qu’il eut qu’elle ne le
forçât de relier à Manille, & peat-être d’y périr, lui & fon
Équipage, avoit imaginé de faire du bifeuit avec du riz ; il
en fit un elfai que je trouvai très-bon : mais ce bifeuit fe
Tome II. D