fort, félon quelques perfonnes, que celui du 7 Décembre;
il s annonça de meme par deux vives fécouflès, qui furent
fuivies de balancemens confidérabfes ; j’étois alors dans mon
premier fommeil, & je ne m’aperçus de rien : ma Pendule
fut arrêtée lorfqu’elle marquoit 1 h 5'. (Voyezpage3 6 1 ) .
Le 13 Novembre, a 3I1 2 ’ après-midi, tremblement
de terre, qui a peine dura une minute en deux reprifés ;
mais qui fut plus v if qu’aucun de ceux que j’avois déjà
reffentis.: il commença, fans fécouflès, par un balancement
generai de toute la maifon , dont je ne m’aperçus d’abord
que par le bruit que fît la charpente. Les balancemens furent
■ foibles , & fe foccédèrent pendant environ 3 o fécondés
fans augmenter en force ; ils fèmbloient au contraire dimi-
nuer infènfiblement, & ils celsèrent fubitement ; mais le repos
ne dura pas plus d une féconde de temps, lorfque je reffentis
, une fubite & vive fecouffe ; elle fut fuivie de balancemens
très - forts-& très - précipités ; ils alloient- toujours en augmentant
par degrés, & bientôt ils furent fi violens & fi
forts, que je voyois les murs de ma chambre, le plancher
for lequel j etois, & la charpente, avoir un mouvement
très-fenfible ; le mal de coeur me prit alors comme fi j’euflè
été fur un Vaiffeau : ces balancemens durèrent à peiné une
demi-minute, & celsèrent prefque fubitement : quantité de
perfonnes fortirent de leurs maifons , & la rue étoit pleine
de monde à genoux , priant Dieu hautement & très-
dévotement ; pour moi, le mal de coeur & l’envie de vomir
me prirent fubitement à la féconde reprife du tremblement :
mon domeffique negre, qui étoit pour lors avec moi & qui
m aidoit à m habiller , me quitta brufquement & chercha
fon fâlut dans fes jambes; il ne m’eût pas été poflible d’en
DANS LES M e r s d e l ’ I n d e . 365
faire autant; car il me prit, avec l’envie de vomir, une fi
grande foibleffe dans les jambes , que je ferais infailliblement
tombé fur le plancher, fi le tremblement eût duré
plus long-temps. Je faifois tous mes efforts pour me foutenir
,au milieu de la chambre , où le tremblement de terre me
furprit debout ; & j’éca'rtois pour cet effet les jambes,
comme on fait fur un Vaiffeau pour balancer les effets
du roulis.
Le tremblement de terre paffé, le mal de coeur & l’envie
de vomir me quittèrent fur le champ ; à la. place , il me
vint peu-à-peu un mal de tête qui fut toujours en augmentant
, en forte qu’à dix heures du foir, je pouvois à
peine ouvrir les yeux & foutenir ma tête: je me couchai à
onze heures avec le même mal, il fe pafla pendant la nuit,
Cet événement me confirma dans mon opinion ; lavoir,
que le mal de mer eft occafionné par le mouvement du
Vaifléau, dont les roulis troublent les fonétions de l’eftomac
& bouleverfent la digeftion ; car j’éprouvai pendant ce tremblement
, les mêmes fenfations que j’avois coutume d’éprouver
fur mer pendant ies premiers jours de mes navigations.
Ce tremblement de terre ouvrit beaucoup de murs, &
fit tomber dans les rues beaucoup de tuiles de deffus les
toits,; il donna à prefque toutes les perfonnes auxquelles
j’en entendis parler, un grand mal de tête.
Le i 6 du même mois, à deux heures trois quarts environ
du matin, ou reffèntit une affèz vive fècouflè & des balancement
, mais qui durèrent peu ; ma Pendule ne fut point
arrêtée, & je dormois afièz pour n’avoir rien refiënti.
Je paffe fous fiience plufieurs autres foibles tremblemens
de terre, dont j’ai reffenti quelques-uns : à l’égard de quelques