étonnée,, qu’un événement qui avoit réveillé peut-être toute
la ville , fe fut paflé fans que j’eulfe été témoin (fe ia>
moindre choie.
La langue Efpagnole diftingue des tremblemens de terne
de deux fortes, le terra moto, 8t le temllor.
Terra moto eft lorfque 1e tremblement fe fait fentir de bas.
en haut, pour traduire littéralement l’expreffion efpagnole.
T em l lo r eft lorfque le tremblement le fait fentir pan
ondulations ; lèmblables, en quelque ibrte, aux ondes de la:
mer & aux roulis des Vailîèaux.
En 1-766, le 151 Août, quatre jours après être arrivé: aux,
Philippines, je fentis pour, la première 'fois un tremblement;
de terre.
Il étoit fix. heures du loir : j’étois dans le faubourg de-
Sainte-Croix en vilite chez un Elpagnol, au premier étage,;;
une elpèce de iuftre fulpendu à, environ fix pieds, du plafond
, me parut parcourir des arcs de huit à neuf pouces»
Le 7 Décembre, vers les neuf heures du matin ,. étant-,
dans 1e même faubourg, chez: M.rs Mabille & Marquaye,
Pilotes-fiançois-pratiques ,. a b o rd du B-on-confeil, nous,
reffentimes une légère feeouffe de tremblement de terrer,
à laquelle nous ne fîmes auffi qu’une très-légère attention;
mais à dix heures trois quarts , nous, fumes réveillés de
notre indifférence par un autre tremblement beaucoup plus,
v if; il dura., dans fa force, près de deux minutes,; nous,
fentimes d’abord de vives fècoullês, répétées pendant une;
demi-minute de bas en haut ; enfuite vinrent les, balan-
cemens, qui furent très-précipités & durèrent, près de trois,
quarts de minute ; ils allèrent, en diminuant inlënfibiemeiit.
pendant environ, une demi - minute. Nous crûmes que noiifr
en étions quittes, iorlque ces balancemens reprirent avec de
nouvelles forces, & ■ durèrent près de demi-minute; ils
commencèrent enfin à devenir moins forts, & finirent infen-
'fibiement, ce qui dura encore une .minute; de forte que là
durée entière du tremblement fut de plus de trois minutes.
La charpente de k maifon dans ¿laquelle nous étions faifoit
un bruit à effrayer, 8c je voyois par la fenêtre'les cales des
Indiens de l’autre côté de la rue, fort large cependant en cet
endroit', avoir un mouvement de vibration fort fenfible.
A la fécondé reprilê du tremblement, nous defcendimes
précipitamment dans la rue ; nous la trouvâmes pleine de
monde, en partie d e ceux qui pâffoient ; 'en partie de ceux
qui étoient comme nous deicendüs de leurs maifons : tout
ce monde étoit très-dévotement à genoux, 'priant Dieu &
implorant tout haut fa miférieorde.
J’avois alors deux Pendules en mouvement ; une des
deux fût arrêtée ; celle dont les olciiktions étoient dirigées
du Sud-eft au Nord-oueft.
Le p du même mois, à-cinq heures du loir, étant dans la
même maifon, nous fentimes une feeoulfe fubite de bas -en
haut, qui ne dura pas, à mon avis, unefoconde de temps ;
elle nous fit kuter, en faifant en mêine temps craquer la
charpente de la maifon; cette lecoulîê fut lîiivie de balancemens
légers, qui durèrent plus d’une minute.
‘Ces balancemens me donnèrent,le mai de mer, comme
avoient fait ceux du 7 ; je reffentis donc une efpèee de
foibfelîè dans les jambes & de défaillance , comme lorf-
quêtant fiir un Vaifleau, le mal de mer veut prendre.
En 17<$7, le 8 Février , à une heure du matin, 011
reffentit un violent tremblement de terre , & qui fut plus
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