une mauvaife obfèrvation; car, quelle exactitude peut-on
attendre d’une planchette d’un demi-pied de rayon? comment
peut-on compter fur les divifions d’un pareil infiniment? &
quoiqu’il foit armé d’une lunette, peut-on répondre de cinq
à fix minutes d’erreur & même plus ?
Au refte, avec les exceilens inflrumens dont, on fe fert
aujourd’hui, les Marins peuvent, s’ils le veulent, reélifier la
latitude de Puio-Condor.
Quant à la longitude de cette î le , je prends ( dit le
P. Gaubil ) la longitude de Pulo-Condor de to p degrés à
•rVEJt. ÏOiiefl * du méridien de P aris, & voici ( continue-t-il )
mon raisonnement : félon M .rs Manfredi ér De/places, Batavia
efl plus oriental que Paris de t o p degrés; nous mouillâmes
à la fin d ’Oélobre vers la pointe de Bantam, la plus au Nord
de celles du détroit de la Sonde, du côté de Java! ainft la
longitude de cette pointe m’étoit connue. D e cette pointe juf-
quici, la routg efl prefque toujours Nord, tirant un peu vers-
l Oueft : chaque jour je pus corriger l ’erreur de la route calculée,
ou par les lieux connus, ou par la hauteur méridienne, Cff
j ai trouve Pulo-Condor plus oriental que Batavia d ’un degré.
A i. de la Hire, au moins dans la fécondé édition de fes
Tables aflronomiques, ne diffère point de M. De/places & de
A i. Aianfredi fur la longitude de Batavia, ou plutôt A4. Def-
places & A i. Aianfredi l ’ont prife de A i. de la Hire, qui met
6 heures p i nùnutes de différence entre les méridiens de Paris
& de Batavia ; or i heures p i minutes, réduites en parties
de l Equateur, donnent i op. degrés ; ainfe Batavia, fdon eux,
efl plus oriental que Paris de i op. degrés : f i donc Pulo-Condor
efl plus oriental que Batavia dun degré, Pulo-Condor efl plus
oftentai que Parts de to p degrés.
Telle
Telle efl la longitude de Pulo-Condor, dont fe fert
M. d’Après, déterminée par le1 P.'Gaubil ; or, l’on voit que
loin d’avoir fait une obfèrvation aftronomique à Pulo-Condor,
le P. Gaubil n’a pas même employé une méthode fùfeeptible
de quelque.. précifion. Partir de Bantam pour aller à l’île
Condor, au milieu d’une mer remplie des plus violens
courans, & fe fervir de la route eftimée pour trouver la
différence des méridiens entre cette île & Baiitam , efl: en
effet une méthode bien peu iîire : en vain le P. Gaubil,
pour appuyer fon raifonnement, nous dit que la route efl
prefque toujours Nord, & que chaque jour il a pu corriger
l’erreur de la route, ou par les lieux connus, ou par la
hauteur méridienne du Soleil ; la fuppofition efl tout-à-fait
gratuite..
J’obferve i.° quant à la route, qu’elle a pu paraître Nord
au P. Gaubil, quoiqu’elle ne le fût pas réellement.
2..° Quant .aux lieux connus , ils ne le font guère par
des obfervations aflronomiques ; car je ne fâche pas qu’on
en ait fait le long des détroits.
3.° Quant à la hauteur méridienne du Soleil que le
P. Gaubil prenoit , elle a pu lui fervir à reélifier la Latitude
eftimée; mais cette reélification que les Marins font journellement,
ne dit rien pour l’erreur en Longitude; elle leur
indique bien que le Vaiffeau a été porté dans le Nord ou
dans. 1e S ud, mais elle ne dit pas fi c’eft vers F lift ou vers
l’Oueft ; en forte que la difficulté fur la longitude eftimée
fùbfifte toujours en entier.
Mais je fuppofe que le P. Gaubil ait quelquefois ^ eu
occafion de corriger fa route par des lieux à peu - près,
connus, tels que peuvent être quelques-uns de ceux nue
Tome 11. N n