le Sud-eft derrière la cime des montagnes, en traînant après
lui une queue lèmblabie à celle des fufées volantes : il rnit
environ' 3 o fécondés de temps dans fon trajet.
Je mettrai ici au rang de ces feux, quant à l’apparence,
des éclairs que je vis un foir- au Port-Louis, après un temps
fort chaud & pluvieux : les nuages qui pour l’ordinaire fe
tiennent au-deiîiis des montagnes du Port, étoient defcendtis
à moitié de la hauteur, c’eft-à-dire, qu’ils n’étoient pas même
à deux cents toiles de hauteur au-deiîiis de la mer, & chaf-
feient avec une vîtelfe fi grande, qu’on s’imagina Volontiers
que cetoit un avant-coureur de coups de vent (c’en était
la lailbn ) ; cependant ce ne fut que de la pluie qui fut
très-abondante pendant la matinée, fans donner de vent : le
loir il éclaira beaucoup , & les éclairs, loin de relfembler aux
éclairs ordinaires, n’étôient autre choie que de très-gros globes
de feu qui paroilîbient fijbitement, & qui dilparoiflbient de
même fans explofion ; mais le phénomène le plus fingulier
ell celui dont je fus témoin le 19 Avril 17 70 , à fix heures
& quelques minutes du foir, le Soleil étant à peine fous
l’horizon. Me promenant feui dans le champ de Mars, je fus
frappé par une lumière fubite & inllantanée, mais très-cou-
fidérable, quoiqu’il fît encore grand jour ; je me retournai
fubitement, & j’aperçus dans le Sud-eft, à la hauteur de 45
à 50 degrés, deux petits nuages de fumée (il faifoit le plus
beau temps du monde); je les confidérai l’elpace d’une minute;
ils parurent s’alonger peu-à-peu, félon la direction du vent
de Sud-eft. N ’ayant encore rien obfervé de lèmblabie dans
les globes que j’avois ci-devant vus à cette Ifle, j’admirai
cette fumée, & je la trouvai fort fingulière. Je continuai à
marcher pendant environ deux minutes. Si m’étant une féconds
fois retourné, la fumée n’étoit pas encoredilfipée; mes deux
nuages s’étoient aiongés & étoient devenus plus rares &
traniparens ; mais ce qui acheva de m’étonner, ce fut d’entendre
un inftant après deux coups lourds comme de deux
coups de canon fort éloignés'', qui auraient été tirés à une ou
deux fécondes d’intervalle l’un de fautre.
Le lendemain, M. Abraham me remit une lettre (a ) au
fujet de ce phénomène, que lui a voit écrite de la Montagne-
longue à une demi-lieue du Port, M. Fortin, qui s’appliquoit
aux Mathématiques : il lui envoya aulfi les deffins des deux
nuages tels qu’il les vit ; je les ai fait graver, étant conformes
à mes oblèrvations. ( Voyei la planche Vi i i ).
D ’après mon obfervation il fe lèroit écoulé au moins trois
(a) Vous vous êtes fans doute-
aperçu, Moniîeur, du météore qui
a paru hier au foir ; voici les circonf-
tances que j’y ai obfervées.
J’étois aiïis en-dehors de ma maifon,
Jorfque deux éclairs coup fur coup,
d’un rouge de feu, frappèrent ma vue
au point que je crus qu’il y avoit
I quelque choie d’embrafé dans quelques
uns de mes bâtimens; je me levai
auiTi-tôt, & ne voyant rien d’incendié
chez moi, jè regardai le Ciel oiî
j’aperçus deux petits nuages de fu*-
mée pareils à ceux que forment deux
bombes qui crèvent en l’air. Je fautai
vite à la pendule, & je trouvai qu’il
étoit 6h 9' 1 y" ( M. Fortin n’avoit
point de'pendule à fécondés , il fut
donc obligé d’eilimer à- peu-près les
fécondés ). Je retournai au plus vite
examiner les petits nuages que je trouvai
figurés ôc diipofés. comme ils font
dans la figure que je vous en envoie.
Quelque temps après, deux coups
l’un fur l’autre, comme de deux très-
forts canons , fe firent entendre fort
diftinélement; mais qui, malgré cela
paroiiToient venir de fort loin ; iis
raifonnèrent enfoite dans l’air un
inftant. Je courus à la pendule, ôc
je trouvai qu’il étoit 6h;i jj 4". - E
Je jugç qu’à chaque, .fois j’avois
mis ^dix fécondés à me rendre à la
pendule , ôc qu’avant de m’y rendré
la première fois, il s’étoit écoulé
onze fécondés ; il refteroit donc pour
le commencement, . . . 6h 50*
ôc pour la fin.... , 6. 12.56.'
Durée totale ........ 4-. 6.
ce qui me paroît donner un très-grand
éloignement.