quent, la différence feroit ici nulle ou de peu de conféquence:
mais les Cartes relient toujours défeclueufés de près d’un
degré.
A r t i c l e s i x i è m e .
Détermination de la pofition de l'île Marotte.
L a pofition de l’île Marotte, par papport au village où
nous étions établis, elt teile que le méridien qui paife par
îe cap de i’Oueil de la grande anfe , palîè à loixante-onze
toifes feulement de la pointe de la rive gauche de la rivière
fur le bord de laquelle eft le village.
De cette pointe, c’eft-à-dire à dix-huit pieds du bord de
la rivière & de la mer, je menai une bafe le long du bord
de la mer & du village, fur la digue de fable.
J ’avois fait faire à l’ifle-de-France trois règles de bois
de fàpin , de douze pieds chacune de longueur , de deux
pouces de largeur & d’un pouce & demi d’épaiffeur; &
garnies de cuivre par leurs extrémités ; je les vérifiai fur ma
toife de fer, & elles avoient douze pieds jufte : un Officier
de M. de Laval, fort intelligent, m’aidoit en tout.
Nous avions avec nous trois Noirs ; un faifoit l’office de
nous donner, à cet Officier & à moi, à chacun une graine
de ravend-fara, dçnt nous avions mis cent dans un fiac, à
chaque perche que l’on levoit ; les deux autres Noirs étoient
occupés à lever alternativement les règles & à les pofer par
terre, & l’Officier prenoit le foin que ces règles fe touchalfent
exactement par le bout lorfqu’on les pofôit par terre : ma
feule occupation étoit d’avoir l’oeil à tout, en dirigeant cette
petite opération.
Un de ces Noirs, qui avoit le coup-d’oeil aflèz jufte,
dirigeoit
dirigeoit fouvent affez bien fa règle , pour qu’il ne fût pas,
befoin d’y toucher; il étoit alors d’une fatisfaélion fingulière
& unique, qui me faifoit grand plaifir à voir; il fe moquoit
de fon autre camarade qui n’avoit pas la même adreffe, &
dont il voyoit que j’étois toujours obligé d’aligner la perche.
Nous reçûmes jufqu a trois reprifes les cent graines d’épices
de ravend-fara, ce qui faifoit cent cinquante portées ; nous en
reçûmes encore vingt-deux , ce qui fait en tout cent foixante-
douze portées ou trois cents quarante-quatre toifes, auxquelles
ayant ajouté les trois dernières , cela fit en tout trois cents.'
cinquante toifes du Châtelet de Paris : cette bafe eft un peu
courte, & j’aurois pu la mener bien plus loin ; mais je fus
obligé de m’arrêter à cet endroit, qui éioit le terme d’où je’
voyois les deux caps de la grande anfe, & d’où iis me parurent
exactement fermés l’un par l’autre ; en pouffant ma bafe plus
loin, je n’aurois donc pu avoir la pofition du cap de fOueft,
ni celle du piton de f i l le , que fon fommet m’auroit caché.
Je fis enfoncer aux deux extrémités de rira bafe, dans le.
fable, deux.piquets à un pied de diftance les.uns des autres,
& le- milieu entre les deux marquoit l’extrémité de ma bafe;
ces deux-piquets étoient .à fleur de terre & recouverts de fable:
je-fis la même chofe pour les pointesde la rivière, précaution
que je croyois néceflàire, parce quêtant obligé d’avoir conti--
nûeHement des figiiàux dans tous ces endroits, je craignois
que les Noirs ; malgré l’affurance du contraire qu’on m’avoit
donnée, pouffés par l’appât d’un peu de toile, ne m’enle-
vaffent mes fignaux ; mais je reconnus encore ici le refpeél
que ces peuples témoignent pour'nos môiridres actions, &
i l vérité de ce qu’on m’avoit aflùré.
Le defir d’abréger, en fupp.rimant tous les détails de mes
lome I I . H h h h