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que les caméléons que j’ai vus à ia baie d’Antongil, ceux
fur-tout qui réuniffoient piufieurs couleurs, étoient de la plus
grande beauté. Je ne peux pas décider fi les caméléons verts
que j’ai vus, 8t les jaunes, &c. font des eipèces différentes,
ou fi ma remarque confirme feulement les expériences de
M. Perrault, en ce que le même animal prendroit fucceffi-
vement ces différentes couleurs dans le cours de la journée,
félon les différentes palfions qui peuvent faffeéler ( Voyez
ti.° é j j ; cependant, ceux que nous prenions & que nous
irritions, comme je l’ai dit, n’ont jamais changé la couleur
qu’ils avoient lorfqu’on les attrapait ; au relie, j’ai vu avec
piaifir que les remarques que j’ai faites fur la langue 8i
les yeux du caméléon, font d’accord avec ce qu’en dit
M. Perrault ( Voyez pages 4 4 , 4 4 , y y & j 8 ).
A r t i c l e s e i z i è m e .
Description de f île Marotte ; des manoeuvres qu’i l fau t
faire pour y aller mouiller.
C e t t e île iè nomme auffi Maroffe ; fon nom, dans le
pays , eft Maroy ou Noffl-manghabey : Voici en deux mots
ce qu’en dit Flacourt . . . . . au fond de laquelle ( baie
d’Antongil ) efl un îlet , fertile au poflible en toutes fortes de
vivres, où il y a de belles eaux & bel abri pour des Navires;
cet îlet eft à 7 4 degrés de latitude: l ’aiguille y varie jufqu’à
2 2 * g o ’ Nord-oueft.
L ’île Marotte a tout au plus deux lieues & demie de
tour;, là plus grande étendue eft, a ce qu’il m’a paru, à
peu-près du Nord au Sud ; elle a , dans cette dimenfion ,
dix-huit cents cinquante toifes du Châtelet de Paris: depuis
îe cap du Nord de la petite anfe jufqu’au cap du Sud de
la grande anfe * elle à feize cents vingt-cinq tojfes. Je ne
connois point la partie oppofée , & par cette raifon je 1 ai
fimplement ponéluée dans mon plan.
Cette Ifle n’eft qu’une montagne entre-coupee de petites
vallées, 8c de quelques ravines qui forment des torrens,
fon fommet a cent foixante-deux toifes de hauteur au-deffus
de la mer ; il eft couvert, comme toute f i l l e , de bois,
arbuftes, de liannes , 8cc. la partie du Sud eft un cap,
d’où s’élève une montagne en forme de pain de fucre, que
je nomme le piton de l ’île; il a cent onze toifes delévation
au-deffus du niveau de la mer : au pied de ce piton & du
morne, il y a une anfe dans laquelle on trouve un excellent
abri, & un très-bon mouillage pour toute forte de Vaiffeaux;
on n’y fent ni le vent, ni la mer: il y a un très-petit ruiffeau
d’eau. Ce fut dans cette anfe que M. de la Bourdonnaie
établit Ton hôpital 8c fa corderie ; mais les Vaiffeaux font
bien plus commodément dans l’autre anfe, dont nous parlerons
dans peu.
La pointe du Sud de cette anfe fe termine par une grolle
roche, ou un amas de piufieurs roches qui avancent en mer
de cinquante-une toifes, étant élevée de douze à dix-huit
pieds au-deffus de la mer ; on la voit très-diftinélement du
village d’Antfirac où nous étions établis , quoiquil en foit
éloigné d’une grande lieue marine : elle m’a fervi à vérifier
mon quart-de-cercle. L’antre anfe eft au Nord de celle-ci;
je la nomme la petite anfe: en y allant de ia grande anfe, il
faut fe méfier de deux à trois roches prefque à fleur d’eau,
que l ’on trouve à une encablure environ au large du cap qui
fépare ces deux anies,
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