•> de vomir quantité de pierres enflammées, qui .défeulfoie»#.
ï» & ruinoient entièrement tous les champs que les Indiens-
» de Taal avoient au pied de la montagne, dans lefquels ils-
». faifoient venir du c o t o n & quantité d’autres chofes propres
» à fulàge de la vie civife.-
» Le P. Alburquerque demanda à Dieu,, par une longue
» prière g qu’il eût pitié de ces pauvres Indiens ; enfuite il allai
»dans l’Ifle, l ’exorcifa & la bénit,, en récitant les prières
»'ordinaires de i’Eglife pour ces fortes de choies : il fit fort
» dévotieufement une proceflion, & dit la Meflê avec beau-
» coup d’humilité & de confiance; pendant toute la cérémonie
» on entendit un fracas épouvantable, c’étoit le fommet du
» volcan qui fondit Si qui s’enfonça;, la montagne relia avec-
» deux bouches ; de l’une, il fort du foufre de l’autre, une
» eau verte qui bouillonne toujours. Il vient aél-uellement
» beaucoup de fangliers en cet endroit , ils. y font attires par Je
» falpêtre qui le trouve autour du lac où ell le volcan ; la
» bouche qui regarde le peuple de Lipa a plus d’un quart
» de lieue de largeur; l’autre 11’eit pas fi confidérable : il n’y
» a pas long-temps que de cette bouche il commença de fortir
» tant de fumée, que les Naturels ou Indiens, craignant quelque
» uouveauté fatale, accoururent au P. Bartolomée d’Alcantara,
» qui avoit alors la charge ipiritueiie de ce peuple;, il fit une
» proceflion pareille à celle du P. Alburquerque, & dit la
» Mefle ; depuis ce moment, le volcan s’ell tenu tranquille &
» n’a jeté nj flamme ni fumée; mais comme on entendoit
» toujours fortir de fes entrailles des bruits comme des coups
» fourds de tonnerre qui faifoient peur aux Naturels, le P.
» Thomas de Abren, Miniitre de Taal, fut au volcan, fit
» monter jufqu’au fommet une très-grande croix de bois, &
fa fit planter en ctf même endroit; cette croix ctoit fi lourde, <a
ayant été faite d’un bois très-pefant, qu’il fallut quatre cents «
perfonnes pour la porter à la bouche du volcan: depuis que «
-.cette croix a été plantée, non-feulement le volcan n a fait «
aucun dommage » mais 1 Ifle a repris fon ancienne fertilité
Le P. Gafpard attribue à des miracles opérés en faveur
des trois Religieux nommés ci-defliis, la ceflation abfolue
des éruptions du volcan de Taal.
Depuis l’année 1 6 9 8 , époque à laquelle écrivoit ce Père*
que l’Ille, avoit repris fa fertilité" ancienne ., le volcan eft
relié tranquille jufquen 1 7 4 9 ; cette année il commença de»
fe faire entendre, mais fa grande éruption fut en 1 7 5 4 *
en Oélobre & en Novembre ; 011 m’a aflùré à Manille que ce
fut une chofe effrayante: ces différentes éruptions reffem-
fiioient à des décharges des plus groffes pièces d’artillerie ;
chaque coup communiquoit à fair une fi forte commotion*
qu’on la reffentoit dans les maifons. Ce volcan ell environné
de montagnes qui furmontent de beaucoup fon fommet»
en forte qu’il ell comme au milieu d’une grande cavité ; la
fumée qui en fortoit s’éievoit comme une colonne au-deflus
’de ces montagnes, & là , trouvant le v en t, elle etoit
emportée en forme de tourbillons remplis de cendres, qui
fe répandirent julqu’à Manille & julqu’à Ylocos, province
la plus feptentrkmale de l’île de Luçon; à Manille , on
ramaflbit la cendre dans les rues ; à C a v ité , qui ell beaucoup
plus proche de ce volcan, ils furent obligés d’allumer
les bougies à deux heures après midi, tant l’air étoit abfcurci ;
à Manille, ce ne fut pas tout-à-fait la même chofe : depuis
¿ 7 5 4 ’, ce volcan s’ell tenu tranquille, ff;
L’île de Mindanao renferme aufli. plufieurs. volcans, qui
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