de tremblemens de terre, & on n’y éprouve point ces plaies
qui rendent les Philippines fi dangereulès à habiter ; les
rivières n’y fortent point de leur lit , tout y eft tellement
balancé qu’on n’y reflent pas la moindre trifteffe. La faute
de pluie, à Sambouangam', ne fait point de tort aux habi-
tans, parce que les Naturels de cette Ifte habitent les rivages,
& ne vivent que de pêche, fans autres peines que de fè
fervir de la rame & du filet ».
On ferait tenté, après cette defcription, de regretter de
n’être pas dans un climat auffi fortuné ; mais cette relation
ne dit pas tout, car Sambouangam eft très-mal fain, même
de l’aveu du P. Combés {Voyez ci-après la defcription de
Jolo ) , & le Paradis terreftre ne i’étoït pas. Ce qui eft très-
vrai , les Eipagnols ( à ce qu’on m’a affiné unanimement à
Manille ) ont déjà abandonné Sambouangam pour caufe de
maladies, & l’ont repris .une autre fois; il coûte au Roi &
ne lui profite en rien. Il me paraît qu’on a fait entendre à
Sa Majefté que ce pofte étoit important, & qu’il fervoit
de barrière pour arrêter l’infolence des Maures de Jolo,
Macalîàr, Sec. mais l’entretien de ce pofte eft une dépenfe
fort inutile que fait la Cour d’Elpagne,- car les Maures n’en
font pas moins tous les jours aux portes de Mantille, failànt
quantité de dégâts dans les environs & dans la baie. A Sambouangam,
on relègue les méehans, & les Galères du Roi
y font, fi tant eft qu’il en ait aux Philippines; ces Galères
font deftinées à empêcher les Maures de fortir de chez eux,
mais ces Pirates n’ont pas befoin dé palier devant Sambouangam
pour aller exercer leurs pirateries. Je rapporte ici
à ce fujet une note que je trouve dans mon Journal de
Manille le fjr Décembre 1 7 6 7 .
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 77
« Quelques bateaux pêcheurs & un petit champan teints de «
fang font venus échouer ces jours paffés à Cavité, fans monde ; -
on n’a trouvé dedans que quelques pots de terre. Cette «
affaire pourrait bien être l’ouvrage des Maures, comme on «
les nomme ici, qui ont infefté pendant toute l’année la baie «
de Manille, fans que le Gouverneur ait été éveille par les «
cris qu’il entendoit de tous les côtés; quand on lui rapportait «
que les Maures étaient defeendus dans un tel endroit, & y
avoient caufé tel ou tel dommage, il ne répondoit rien, ou «
bien il vous contait une hiftoire des Maures d’Afrique «
(il avoit long-temps fervi en Afrique). Le Commandant qui «
eft à l’île du Corrégidor lui demandant un jour feulement «
deux canons & de la poudre pour intimider les Maures qui le «
menaçoient tous les jours : défendez-vous, lui dit-il, avec vos «
laticrt, f i vous voulez, je n’ai ni poudre, ni boulet, ni canon.
Je vis lefoir même cet Alcade dans une maifon où il nous «*
raconta cette hiftoire, en déteftant le Gouvernement fous «
lequel il fe trouvoit; ce qui l’avoit le plus piqué, fut que le «
Gouverneur lui avoitfait fa réponfe d’un ton railleur, & «
le feu même lui ayant monté au vifage : c’étoit avec cet air «
qu’il avoit coutume d’affaifonner lès railleiies. »
Le pofte de Sambouangam ne fert donc à rien au Roi; il
11’eft profitable qu’au Gouverneur de Manille, qui nomme aux
places de cette Juridiaion , & qui , comme je le dirai plus
amplement à l’article du commerce de Manille, corrompt
journellement lès grâces.
H Sambouangam eft encore un lieu d’exil, mais dont 011
peut fe racheter au moyen d’une fomme de piaftres honnete,
quand on a - le bonheur de la pofféder.
La province de Mindanao a fon Roi, & celle de Buhayen