ides démonftratîons qui annonçoient de l’embarras, que ¡’Archevêque
lui écrivoit lettres fur lettres pour une affaire qui
ne dépendoit ën aucune façon de lui, qu’il n’avoit point
d’ordres à ce fujet, & qu’il né pouvoit otitre - paffer fes
pouvoirs, & comme il me le rép’étoit fans ceffé, je lui
répondis que n’ayant aucun ordre de fa Cour, & fur-tout
n’ayant point de Prêtres féculiers à fa difpofition, il lui étoit
en effet affez difficile d’aller en avant comme le defiroit
M. l’Archevêque. Il faut obferver que je demeurois chez
un riche Négociant françois , qui avoit marié une de fes
filles âu Secrétaire du Gouvernement, & j’ai fouvent remarqué
que ce Secrétaire n’étoit point porté pour l’Archevêque.
Le lendemain matin, on trouva quatre pafquins (a) ,
ou placards injurieux & très | diffamatoires, affichés dans
la v ille , un au Gouvernement, le fécond à la porte du
Parian, le troifième à la Miféricorde, le quatrième à notre
porte ; ces pafquins difoient pofitivement que moyennant
vingt mille pialtres ( 105000 liv. ) le Gouverneur avoit
empêché l’Archevêque de remplir fon obligation.
Le Secrétaire fut outré de la hardiefîe du pafquin, mis
fur-tout à fa porte; il en parla comme d’tin attentât qui méritoit
la plus grande punition.
U ajouta qu’il vaudroit mieux, pour celui qui l’avoit fait,
s’il étoit découvert, qu’il n’eût jamais vécu; en effet, je
penfe bien que Sambouangarn (île de Mindanao), dont j’ai
çi-devant parlé, eût été fon domicile, & qu’il n’y'eût pas
joui de beaucoup d’âgrément.
âvoit écrites fucceffivement le même jour; il me dit, avec
( a ) Pafquin ( à Rome) eft une ftatue au bas de laquelle on attache des
affiches diffamantes ou au-môins ironiques, relatives âiix affaires du temps.
Les Moines aux Philippines font donc, comme l’on voit,
âbfolus dans les provinces. Il eft bien vrai que, félon les
Ordonnances, le Gouverneur doit y envoyer de temps en
temps des Oidors en qualité de Vifiteurs; mais outre que
cela n’arrive guère, ces Vifiteurs,- quoique Membres de
l’Audience royale, font obligés, pour être bien reçus, de
prendre avant de partir des recommandations des couvents
de Manille. Au refte, cette grande autorité des Moines fur
les peuples n’empêche pas qu’ils ne fe foulèvent même affez
fouvent dans les provinces, & ces foulèvemens font prefque
toujours luivis de la mort de quelque Religieux; il 11’y a
pour lors nul moyen de rétablir l’ordre qu’en envoyant des
troupes pour faire rentrer les Indiens dans l’obéiffance, car
l’éloquence des Religieux n’y. peut rien; pareil événement
arriva de mon temps à la fin de 17 6 7 .
Plufieurs peuplades aux environs de la grande lagune le
révoltèrent, & poufsèrent la hardieffe jufqu a tuer les Moines
Curés ; il fallut envoyer un Officier de Cavalerie à la tête
dun détachement de quinze hommes pour aller foumettre:
ces rébelles.
Ces défordres arriveront toujours tant que les provinces
des Philippines 11’auront à leur tête, pour les gouverner,
quun Alcalde & des Moines; il m’a paru qu’il fexoit nécefi
faire que la Cour eut quatre ou cinq cents hommes de
troupes; enfin un nombre foififant uniquement deffiné à être
répandus dans ces différentes provinces par poffes de quinze
à vingt hommes feulement ; ce nombre d’ailleurs très-peu confi-
dérable & peu dilpendieux, feroit fuffifant pour contenir les
Indiens dans le devoir, puifque quinze hommes feulement ont
appaifé le trouble d’un canton confidérable vers la lagune?.