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l ’Ifle-de-France, & je lui ai vu un magafin immenfe 8c précieux
<ie toutes les chofes qu’il avoit ramalfées dans lès voyages ;
je pafle aux produirions de l’Ifle propres au commerce.
M. de ia Bourdonnaye dont les vues, en étabiiiïànt i’Ifie,
de-France, fe font toutes tournées du côté du commerce,
avoit voulu y établir des vers-à^Coie 8c une indigoterie : je
ne Fais pas fi le coton n’a pas été également introduit à l’Ifle-
de-Franee par ce grand homme : de tout cela il n’exiftoit
qu’une mauvaifq çotonnerje en 1 7 6 0 , Sc des mûriers. Le
çoton de cette Ifle eft inférieur en qualité à celui de l'Inde;
8c principalement à celui du Bengale, 8c il revient à plus
cher ; l’indigo revenoit également à plus haut prix que celui
que l’on tire de l’Amérique, 8c n’eft pas fi bon : enfin les
yers-à-foie n’y ont pas réufli. Le fucre qui s’y eft introduit*
a le même inconvénient que l’indigo.
Que dirai-je du fer de cette Ifle ! J’ai vu bien des gens
prétendre qu’il qe vaut rien, mais je ne peux être de leur
avis, car j’ai vu faire des eflais de ce fer qui démentoient
abfolumeiit cette opinion j il eft cependant vrai qu’il eft
d’un débit très-médiocre dans l’Inde en comparaifon de celui
qu’on y porte de France, mais il pourrait iàns doute être
bon 8c être d’une qualité inférieure à celui de France ; de
plus, la façon d’extraire ce métal de la terre qui le renferme^
le travail enfin plus ou "moins parfait qu’on y emploie pouf
Je rendre plus pur, 8c par conféquent plus malléable, doivent
entrer ici pour beaucoup, 8cc. L expérience fuivante faite fuï
des mâtures femble le démontrer | les mâts des Vaifleaux étant
en Europe d’up bois très-léger, les perdes de fer dont oit
(è lèrt pour leur donner plus dp ibutien étant chaflès à un
certain point, enfoncent dans ce bois léger.8c fibreux. A1
l’Ifle-de-FranCe, les bois dont on eft obligé de fe lèrvir pour
jumeler les mâts font d’une très-grande dureté, 8c repoulfent
les clous qu’on voudrait y faire entrer ; les cercles de fer qu’on
applique aux mâts jumelés de ce bois n’y pouvant donc point
entrer ou enfoncer, ilarrivoit fouventque ces cercles fe caflbient
par une eipèce d’éiâfticité de ce bois dur, mais tous les cercles
faits du fer de 1’Ifle-de-France dont on a fait ulàge pour les
jVailfeaux dans la dernière guerre, 8c forgés aux forges du fieur
Jdermans ont été les lèuls qui aient réfifté. Cette expérience
me paraît décifive en faveur du fer de l’Ifle-de-France ; mais
j’infifterai fur 1111 autre article, celui de lamine. On a dit, 8c
bien des gens l’ont cru , que tout étoit fer à l’Ifle-de-France : il
s’en faut bien que cela fo it, il y a certainement du fer, mais
ÏI n’eft. pas également abondant par-tout, 8c on a placé les
forges où il i’eft le moins. C ’eft par le lavage qu’ils obtiennent
la mine ; il n’y a pas long-temps qu’on prenoit la terre à la
porte du fourneau, à côté duquel eft établi le Patouillard,
dans une belle 8c vafte plaine qui eft là. On a réulfi pendant
quelque temps, parce qu’on a trouvé une veine favorable ;
®n a été obligé d’abandonner, quoiqu’il s’en faille de beaucoup
qu’on ait fouillé toute la plaine; on ne trouvoit prelque pas
'de mine en 1 7 7 0 , on étoit obligé d’aller la prendre à plus
'd’une demi-lieue du fourneau ; je fais que cela n’eft pas encore
fort éloigné, mais là mine étoit pauvre ; encore 011 ne la
trouvoit que par veines ou félons de peu d’étendue, 8c n’allant
qu’à très-peu de pieds en terre ; je ne fais fi la fouille alioit
à plus de huit pieds, après quoi on trouvoit un fond de
roches 8c d’une eipèce de tuf qui n’étoit plus propre à rien.
La mine des Pamplemoulfes n’eft donc pas riche, elle n’eft
¡pas même mine à proprement parler; le fer qu’on y trouve