vents y régnent du Sud au Sud7eft, & du Nord-eft pendant
ie refte de l’année.
Cette mouflon, fi c’en eft une J s’étend dans toutes ces
mers jufqu’au parallèle des îles de France 8c de Bourbon, &
même fort au-delà.
Les vents du Fort-dauphin, coîiftans pendant toute l’année
au Nord-eft, commencent à fe faire fentir entre les 22 8c
2 3 degrés ; mais iis font foibles à cette latitude : ils commencent
à fraîchir par les 24 degrés ils s'étendent à environ
dix lieues de terre au large..
C e phénomène eft allez à remarquer, dans des mers où
tous les mouvemens de l’air & de la mer femblent devoir
être affujettis à des règles 8c des périodes réglées; mais il me
femble qu’011 doit confidérer les vents du Fort-dauphin.
comme des elpèces de folles-ventes , ou de réflexion occa-
flonnée par les montagnes qui font extraordinairement hautes
dans cette partie; car, à en juger par l’afpeél qu’éïles pré-
fentent èn arrivant à Madagafcar par 24 degrés de latitude,
ces montagnes ne paroiflent pas moins élevées que cellès
de lile de Bourbon , dont le fommet n’a pas moins' de
1600 à 1700 toiles de hauteur perpendiculaire au-deflus
du niveau de la mer r mais cette Ifle, dont le fommet eft
fl élevé, n’eft cependant quun point' dans l’air, pendant
que la chaîne de montagnes de Madagafcar, dont je parle,
setend du Nord-eft au Sud-oueft pendant l’elpaee de 50 à
60 lieues; & de même que fa brife Saint-Gilles à Saint-
Paul n eft qu une folle - vente , occaiïonnée par la hauteur
extraordinaire de cette Ifle, qui arrête le cours du vent de
Sùd-eft, & qui 1 oblige à refluer par l’Oueft en tournant
ll f le , n en pourroit-il pas être de même des vents de Nord-ail;
D A N S l e s M e r s d e l ’ I n d e . 397
du Fort-dauphin, & de toute la partie de Madagafcar çom-
prife entre cette pointe & les Matatanes, par 24 degrés de
latitude jufqu’à 25 & 2 6 1
Si les vents au Fort-dauphin & le long de la côte, font
conftans du Nord-eft pendant toute l’année, la mer y a un
mouvement confidérable dans le même fens ; c’eft-à-dire,
du Nord au Sud en fuivant la côte, & ce mouvement eft
quelquefois très-violent; il tranfporte les eaux avec rapidité,
en les pouffant même vers la, côte.
Il fuit de-Ià, & de la confiance des vents de Nord-eft,
deux chofes importantes à obièrver dans la navigation de
cette partie de Madagafcar.
Premièrement , qu’il eft très-aifé de manquer le Fort-
dauphin, 8c que quand même on ne feroit qu’à une demi-
lieue de l’entrée de la Baieg fi on a le malheur de fe trouver
fous le vent, on n’a plus d’efpoir d’entrer dans la Baie; on
eft quinze à vingt jours, quelquefois plus, quelquefois moins
à fe remettre au vent.
Cet accident eft arrivé à beaucoup de Vaiflèaux ; il venoit
tout récemment d’arriver au Gange, vaiffeau de la Compagnie,
que nous trouvâmes au Fort- dauphin, 8c qui fut
vingt-deux jours à revenir. ‘ .
11 fuit fecondement de ce que nous avons d it, qu’on ne
peut attaquer le Fort-dauphin, comme on fait quantité d’îles
ou d’autres lieux, en fe mettant d’abord par leur latitude 8c
courant enfoite deflus : ic i, les courans 8c la force du vent
fèroient infailliblement dépouiller.
Le parti le plus fur, eft d’attérer par les 24. degrés ;
de ranger la terre à une demi-lieue environ de diftance,
jufqu’à ce qu’on ait dépaffé la roche d'Itapère, ou qa’on en