mer font jonchés de débris de ces madrépores remplis de
ces ourfins, & d’une infinité de débris d’autres efpèces. Au
bord de ces reffifs le fond de la mer augmente fubitement,
en forte que les Yaiffeaux peuvent les ranger de fort près
pour venir au Port.
' Ces reffifs ne font autre chofe que des coraux ou madrépores
travaillés dans la mer par les polipiers entaffés les uns
fur les autres, & formant un banc confidérabie très-écore
ou à pic : ce banc fe hauffe perpétuellement, foit par le
travail des polipiers , qui élèvent journellement leur édifice,
foit par la mer elle-même qui détruit & renverfe une partie
de ces édifices lorfqu’elte eft en fureur, & qui en sème les
débris çà & là; foit par des matières de pareille fubftance
qu’elle enlève de fon fond, & qu’elle voiture enfuite par-deffus
le banc qui en retient une partie, pendant que,l’autre eft
portée jufqu’au rivage.
On diftingue en beaucoup de places l’endroit jufqu’où ont
été les lames dans les ouragans, par les couches de matières
que la mer a laiflëes en s’en retournant. De-là je conjeéture,
& j’affure même en quelque forte, qu’on ira dans la fuite à
pied fec jufqu’au bord des reffifs de l’lfie-de-France, c’efh
à-dire ; que le pied de l’ifle fe prolongera jufque-ià, & que
cet efpace actuellement noyé, formera des plaines pareilles à
celles dont j’ai déjà parlé; c’eft airff que, fans dire que la mer
fe foit retirée, ou fe retire des côtes "de l’Ifle-de-France, je
peux rendre raifon de la formation de toutes les plaines de
coraux qu’on rencontre fur les bords de la mer.
• Les ifles d’Ambre, au vent de i’IUe-de-France, font également
une malle conlidérable de corail que la mer a formée
anciennement, & qu’elle a enfuite abandonnée, comme elle
a fait l’île aux Tonneliers : il n’y a pas de doute que toutes
ces îles & plaines de corail ne pofent fur une bafe de fable
vitriftable & de roches de quartz, comme fait le banc de
l’Hôpital dont j’ai parlé plus haut. Cette bafe de làble
& de roches eft donc un prolongement de rifle-de-France>,
qui me paroiffoit- par l’inclinaifon de fes couches, ainfi que
l’Ille-de-Bourbon, être fortie du fond de la mer. (Voyez
ci-devant page 6 y j ) .
A r t i c l e t r o i s i è m e .
Sur quelques Globes lumineux vus à l ’IJle- de -France,
¿7" fur un éclair forti de terre.
O n voit de temps en temps des globes lumineux au
Port-Louis ; ce port étant environné de montagnes fort élevées
qui arrêtent le cours des vents, en eft apparemment plus
propre à nourrir & à entretenir ces feux aériens. J’en vis
un de cette efpèce le i .er Décembre iy 6 o , à 18 degrés
environ de hauteur dans l’enfoncement du Port; il avoitbien
i o minutes de degré en diamètre : il fe partagea, dans le
même inftant qu’il s’enflamma, en deux petites pyramides ou
lances de feu oppofées par la bafe, qui relièrent à la même
hauteur à peu-près pendant qu’il s’en étoit détaché une petite
portion qui defeendit quelques degrés plus bas que les deux
pyramides, le tout fans explofion, & dura au plus c à 6
fécondés. II donna une très-grande clarté.
Le n Juin 1 7 6 2 , trois quarts d’heure après le Soleil
couché, il en parut u n aux environs du Zénith, plus gros
en apparence que la Lune oule Soleil, tout chevelu; il alla,
avec une affez grande, vîteffe s’éteindre, fans explofion, dans
O o o o ij