» Royale (né 20 ) , l’eft par un ravelin fi mal placé 8c fi mal
» entendu, qu’il ne peut défendre les faces des battions colla-
» téràu'x de Saint-André 8c de la Fondition ( nés 2 & y ) .
» Les flancs de ces deux battions (nés y. & y ) ne font pas
» plus capables de défendre les faces du ravelin ; il faut
» joindre à cela que toutes ces fortifications font très-anciennes
» 8c défectueufes : les murs, la chemife , ou le revêtement
» de trois pieds d’épaifleur au cordon , fans contrefort ; l’ef-
» carpe & la contreicarpe éboulées en partie , Sc prefquetout
» hors d’état de fervice.
» Le chemin couvert très-étroit 8c plein de halliers 8c de
» huilions ; fon parapet eft ruiné 8cfans eftacade ou palifiade,
» & eft fi bas, qu’il faille à découvert jufqu’au pied, les parties
» les plus effentielles des battions & des courtines : les em-
* bralùres font mal placées ; lés portes du coté de la mer,
» enfilées , fi vieilles & fi maltraitées, quelles ne peuvent
» oppoier aucune réfiftance ; les eiplanades des boulevards fi
»irrégulières 8c fi raboteufes, qu’il n’étoit pas poifible de
» manoeuvrer l’artillerie, qui, d’ailleurs, était montée fur des
» affûts de vaiflèau fi v ieu x , qu’on ne pouvoit tirer un coup
» de canon fans rifque de le voir démonté.
» Le fort royal de Saint-Jacques ( né 1 ) eft compoie de
» deux demi-baftions qui dominent la ville, 8c d’un troifième
» qui bat le dehors 8c qui empêche l’ennemi d’approcher; de
» deux plate-formes circulaires, & de plufieurs flancs deftines
» au même ufage : les courtines qui unifient ces battions n’ont
» point de terre-plein , 8c les feux en font diftribués fans
» mefure ni proportion.
» La garniion de la Place, confiftoit dans le régiment du
» R o i , compoie , depuis là création , de vingt compagnies
de cent hommes chacune, commandées par des Capitaines, «
Lieutenans 8c Enfeignes : ces compagnies n ont jamais ete «
complètes, 8c jamais n’ont formé quinze cents hommes. «
A l’arrivée de l’ennemi, ce régiment étoit fi diminué, tant«
par la mortalité 8c défertion de quelques-uns , que par les «
différens détachement qui étaient fur les galions 8c dans les «
autres polies, qu’il n’exiftoit que cinq cents cinquante-fix «c
foldats ; il n’y avoit que quatre-vingts çanonniers, 8c encore «
c’étaient des Indiens naturels, peu exercés dans le maniement «
de l’artillerie. On forma, à l’arrivée de l’ennemi, quatre com- «
pagnies de miliciens, qu’on nomma Troupes du Commerce, «
de foixante hommes chacune. “
Jamais Manille n’avoit cru qu’elle feroit attaquée par les «
Nations européennes : elle appuyok la, Igcurité dans laquelle «
elle s’entretenoit, fur la diftance 8c l’éloignement de fa pofition «
par rapport à l’Europe, 8c fur ce que jamais pareil exemple «
n’étoit arrivé, quoique les deux Couronnes eufient fouvent «
été en guerre. Dans une telle confiance, on setoit contenté «
de mettre la Place en état de défenlè contre les Maures 8c.«
les Nations voifines peu expérimentées dans l’Art de la guerre,.«
le maniement de la grofle artillerie, des fufils, 8c dans lar- .oe
tifice terrible de jeter des bombes, grenades, carcafles, 8cc. «
car pour le défendre contre les Nations européennes, ,il «
faudroit à Manille quatre mille hommes bien dilciplinés, 8c «
tout l’appareil correlpondant, choiès dont cette ville a manqué «
jufqu’à préfent. »
T e l était., en iy 6 i , l’état de défenlè. de Manille, contre
laquelle les Anglois conduifirent fix mille hpinmes de trèsT-
bonnes troupes, forces que l’on peut appeler formidables
pour ces pays éloignés.
G g ÿ