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un bout de bambou d’environ un pied, traverfé au milieu
par un piquet de bois, plus ou moins long, à proportion
de ia profondeur du puits, ce qui fait l'effet d’une grande
cuiller ; le bambou qui fert de cruche eff‘ à côté d’eux,
incliné fur un pieu fourchu, à hauteur Commode ; ils reverfent
dans ce bambou l’eau, à mefure qu’ils la tirent du,puits.
Un bambou de douze pieds de longueur & de trois pouces
de diamètre, peut contenir quinze à vingt pintes d’eau ; au
relie, je ne parle ici de ces bambous fi connus des Natu-
raliftes, que parce qu’on peut s’en fefyir à bord des Vaiffeaux
de côte, faute de pièce à l’eau ; elle n’eft pas mauvaife dans
ces rofeaux, fur-tout quand ils font bien fecs: je ne fais pas
fi à la longue, en y fèjournant bien long-temps, plufieurs
mob, par exemple, elle feroif au bout de ce temps également
bonne ; en tout cas, cette eau eft celle qu’on dépenfe la
première, & quand elle ne ferviroit qu’aux beltiaux, elle
peut épargner vingt à trente barriques d’eau & même bien
davantage; ce qui peut être d’une grande reffourçe à bord
d’un Vaiffeau, & qui eil d’un excellent arrimage, & par
çonféquent peu gênant.
Je vis le Batave quitter avant moi la baie d’Antongil,
pour retourner à l’Ifle - de - France ; manquant de pièces,
il embarqua, dans cent cinquante bambous, plus de vingt-
çinq barriques d’eau, qui le conduifirent à l’Iüe-de-France,
tout fon monde fe portant très-bien.
Rien n’empêche encore, quoiqu’on ait là provifion d’eau
en barriques, d’en embarquer dans des bambous ; 011 eu
remplira les pièces à l’eau à mefure qu’on la confommera :
l’abondance d’eau à bord d’un Vaiifeau, ne contribue pas
peu à la confervation de la fanté de l’Équipage.
A r t i c l e
Du climat de la baie ¿/’Antongil ¿r de fa température.
J E ne me fuis point aperçu, à la baie d’Antongil, que
l’hémifphère auftraf du globe terreilre fût plus froid que i’hé-
milphère boréal, comme le prétendent quelques Phyficiens;
dans cette Baie, comme à Pondichéry, j’ai éprouvé les mêmes
degrés de chaleur dans le thermomètre, toutes chofes d’ailleurs
égajes. Je me fuis trouvé à la baie d’Antongil en Novembre;
le Soleil paffoit alors aux environs du Zénith , comme je
l’avois vu â Pondichéry dans le mois de Mai, ces deux
endroits étant à 12 degrés environ de latitude ; Pondichéry
au nord de la Ligne, & la baie d’Antongil au fud.
La chaleur étoit extraordinaire à la baie d’Antongil, pendant
le féjour que j’y ai fait, & ce n’étoit encore que l’entrée
des grandes chaleurs.
J’avois avec moi trois thermomètres pour m’indiquer la
chaleur ; ces thermomètres étoient de M. Michely : je les
avois fouvent éprouvés, & j’avois toujours remarqué que,
placés à côté l’un de l’autre , leur marche étoit la même.
Ici, j’en expolâi un au Nord, tout-à-fait à l’abri de la brife
du Sud ; un autre, étoit expofo au Sud & à la brife : ces
deux thermomètres étoient à cinq pieds au plus au-deffus
rdu fo l , qui, comme je l’ai dit , n’eit que du fable; le
Soleil ne donnoit deffus ces thermomètres qu’à trois heures
après-midi: quant au troifième thermomètre, je l’enterrai,
pendant quelques jours, de quatre pouces dans le fable, &
la fiole expofoe à la brife du Sud, pendant quelques autres
jours, je le laiffai au-deffus du fable, de façon que la fiole
pofoit fur le fable , toujours expofée à la brife du Sud ; Sc
Tome II. N u n