Outre ces efpèces , j’en trouvai encore quatre a cinq
autres petites fur une hauteur, à cinq cents toifes du Fort;
elles étoient confondues avec une prodigieufe quantité
d’autres coquilles de mer: on me dit que les années précédentes
le village des Noirs étoit fur cette hauteur, d’où
je conclus que ces coquilles y avoient été portées par ces
Noirs pour les manger; mais je n’ai pu favoir d’où pro-
venoient ces petites efpèces, ii elles étoient d’eau douce ou
de mer : nous étions à la veille de notre départ lorique je
les trouvai.
A r t i c l e h u i t i è m è .
Obfervations fu r le Flux <tr le Reflux de la mer,
fu r les Vents èr la Température du thermomètre
pendant mon féjour au Fort-dauphin.
L es marées qui paroiiîent être alfez réglées en Europe ,
fur nos cotes, par exemple, ne font pas de même entre les
.Tropiques, à moins qu’on ne les obferve dans des endroits
où la mer foit tien libre, efcarpe'e & éloignée de golfes & de
bras trop relferrés, comme le font le canal de Mozambique,
les détroits des îles de la Sonde, le golfe de Bengale, &c.
Pareillement, les marées qui font fi grandes en Europe ,
ne font que très-peu de chofo dans les parties de l’océan
Indien que j’ai vifités ; à Madagafcar, aux îles dé France &
de Bourbon, à Manille, à Malaca & à Pondichéry.
Depuis le Fort-dauphin jufqua la baie d’Antongil, le
long de la côte de l’Eft de Madagafcar, la mer, dans les
plus fortes marées, ne monte guère plus de 3 pieds.
Au Fort- dauphin, il m’a été impolfible de rien fixer for
l’heure des marées ; ce lieu eft apparerriment trop voifin de
l’ouverture méridionale du canal de Mozambique, pour que
les marées puiifent y être réglées comme elles m’ont paru
l’être le long de la côte en remontant au Nord.
Au Fort-dauphin, à 2 5 degrés de latitude au lirai e, la côte
fuit rapidement dans l’Oueil-fud-ouell & i’Oueil, de façon
que la pointe la plus méridionale n’avance dans le Sud que
de quelques minutes de plus que le Fort-dauphin.
De plus, il y a une chaîne de montagnes prodigieufement
élevées, q u i, allant du Nord-nord-eft au Sud-fud-oueit,
partage i’Iile en deux parties; ces montagnes, qui m’ont
paru plus élevées que celles de l’île de Bourbon, qui ont
près de dix - fept cents toifes de hauteur perpendiculaire
au - deflùs du niveau de la mer , changent certainement la
'direélion des vents généraux ; car pendant qu’à quinze ou
.vingt lièues à l’Eft du Fort- dauphin, on éprouve pendant
îa moitié de l’année des vents frais.de l’Eft à l’E il-fud-eit,
on relient au Fort-dauphin des vents de Nord-eft d’une force .
étonnante , comme on a vu ci-deffus; & ces vents s’étendent
le long de la côte julqu’aux Màtatanes environ, où la chaîne
de montagnes commence fans doute à n’être plus fi élevée :
les courans au Fort-dauphin font, par la même raifon, de
la plus grande force.
Lè canal de Mozambique, où les vents font plus modérés,
a cependant auffi des courans très-confidérables ; & pendant
que la mer ne monte au Fort-dauphin que d’environ 3 pieds,
elle monte de plus de 20 pieds dans le canal de Mozambique,
à la baie de Saint - Auguflin, qui h’eii éloignée du
Fort-dauphin que d’environ quatre-vingts à quatre-vingt-dix
lieues.