terre; lesitorrens auront peu-à-peu dégradé & entraîné les
terres dans la ravine voifine, & le banc fera refté à découvert.
Je ne finirais pas fi je voulois entrer dans les détails de
toutes les carrières horizontales de 1 Ifle-de-Fiance. Que ion
aille de l’établiffement où font les forges, à la baie aux Tortues,
furie bord de la mer; la moitié du chemin , qui eft d’une
lieue, la plus voifine de la mer, eft uneaffreufefolitude, une
véritable Thébaïde : vous vous trouvez au milieu d’un grand
pays défriché, fec, aride, pierreux, avec des bancs horizontaux
de pierres de place en place, fuperficiels à la terre : on
en voit d’autres qui n’offrent encore que la pointe, &c. Cent
endroits de cette efpèce femblent dépofer contre le fentiment
qui veut que l’Ille ne foit.qu’un amas confus de matières
entaffées les unes fur les autres.
A la rivière du rempart dont j’ai déjà parlé, fur le chemin
qui conduit à Flacq, à environ trois lieues du Port-Louis, 1 on
voit un pont fait en ly y o , qui n annonce certainement pas
les progrès qu’ont faits les Ponts. & Chauffées depuis plus de
cinquante ans; mais il s’agit ici du banc de roches qui commence
à ce pont : ce banc court fort avant dans le chemin
de Flacq : au pont la rivière fait une efpèce d’arc ou de finuo-
fité qui forme comme une péninfule & un cap, ou, fiil’on
veut, un ifthme : à droite en allant à Flacq, le banc eft
interrompu & coupé par le cours de la rivière, qui n a guère
plus de vingt-cinq à trente pieds de largeur au pont, en forte
qu’il fembleroit que ce roc auroit été taillé exprès pour lui
faire un cours ; c’efl un fait d’aütant plus fingulier, que ce
banc, qui m’a paru ferrugineux, eft de la plus grande dureté,
les deux couches de pierre fa répondent exaélement de chaque
côté de la rivière. Ce banc eft formé de couches d’un à
deux pieds d’épaiffeur ; il pofe fur dé la terre & eft un peu
incliné vers la rivière, ce qui prouve qu’il a confond de
ce côté : en-effet, on remarque en quelques endroits que les
terres de deffous ont été entraînées, & ont formé les com-
mencemens d’une caverne.; un peu plus loin on voit des
portions de ce même banc , qui s’étant fans doute fraéturées
en-deffus, font tombées dans la rivière. En fuivant le chemin
de Flacq, à foixanteou quatre-vingts toifes du pont, ce banc
fur lequel on marche, eft fait comme le feroit le deffus d’une
grande voûte un peu furbaiffée, de trente à quarante toifes
de largeur : elle s’étend fort loin à droite & à gauche, & fè
perd dans les bois. On ne peut douter que cette voûte, car
c’en eft une faite des mains de la Nature, ne pofe fur un lit
de terre, & que ce lit venant dans la fuite à être entraîné
par les eaux, il ne relie à la place une caverne; peut-être
la caverne exifte-t-elle déjà; ce qu’il y a de vrai, c’eft qu’à
l’embouchure de cette même rivière du Rempart, à deux
à trois lieues de-Ià, il y en a, dit-on, de très-profondes.
Une grande partie du chemin qui conduit de la rivière du
Rempart à Flacq, fe fait fur des bancs de roches ; il fèmble
que ce chemin foit creux en bien des endroits, & qu’il
fonne fous les pieds des chevaux.
Une partie des habitations des hauts de Flacq font horreur
à voir par l’énorme quantité de roches qu’elles renferment :
on y trouve aulîî des plateaux en forme de monticules qui
ne font que du roc; je les appelle plateaux, parce qu’en effet
ils relfembient à des plate-formes ; c’eft un feul roc dont
quelques portions font un peu plus élevées que les autres,
en forme de dalles de pierre. Les habitations baffos, celles
qui font voifines des bgrds de la mer ont moins de roches,
Mmmm ij