qu’il m’a été communiqué par M. de la Cour, qui l’a levé
avec les fondes, comme il avoit fait le port de Tamatave;
il le place à i6 i 35 ' de latitude.
L’île Sainte-Marie fe nomme par les Naturels Nofi-hibram ;
Nojflî, fignifie île , & on prétend que le mot Hibram fignifie
Abraham : les Naturels fe nomment Zaffe-Iübram, & £affe
fignifie race dans la langue du pays ; ces peuples fe nommeraient
donc race ou defcendans d’Abraham : quoi qu’il en
foit, l’île Sainte-Marie forme une belle île, qui fait avec
Madagafcar un grand & magnifique canal ; cette île a dix
lieues de longueur du Nord au Sud , 8c. deux a trois dans
fa plus grande largeur. Au Sud, elle eft coupée par la mer,
qui forme dans cet endroit un îlot détaché : la coupure,
qui n’a pas plus d’un quart de lieue de largeur, ne contient
pas plus de cinq à fix pieds d’eau. Au Sud-eft de cet îlot
prelque triangulaire, eft un banc de roches ou long relîîf
qui fe prolonge dans le Sud-eft, & fur lequel la mer brife
confidérabiement : il m’a paru quelle déferloit plus d une
demi-lieue au large de l’îlot.
M. die Joannis m’a affiné que ce reffif s’étend pendant
l’elpace de près de deux lieues en mer; d’autres, m’ont
dit avoir rangé ce reffif à moins d’une demi-lieue de
diftance de l’îlot : quoi qu’il en foit, un fait très-certain,
c’eft qu’en 1 7 4 3 , une -petite frégate ¿es îles de France à.
de Bourbon, fortant de la baie d'Antongil & allant à la
pointe de Larée, préféra de pajfer en-dehors du canal, e'eft-
à-dire à l ’Efl de Sainte-Marié, en faifant le tour de l ’îlot,
elle fe trouva engagée fur le rejff & penfa y périr. II eft
d’ailleurs très-inutile de ranger de près cet îlot.
A deux lieues au Nord de cet îlot, on trouve une grande
Baie
Baie qui peut avoir une lieue d’enfoncement & autant de
largeur ; à l’entrée & un peu en-dedans, eft une petite île,
qui n’a pas plus d’une encablure ( cent toifes ) de longueur
du Nord au S u d , fur la moitié moins de largeur ; f on la
nomme Clfle-aux-cayes, parce qu’en effet elle eft bordée,
du coté du large, de cayes ou de relfifs.
Au bord de cet îlot, du côté de la terre, eft le port ;
mais un port où trois Vaiffeaux de fept à huit cents ton-,
neaux feroient un peu près les uns des autres ; on y mouille
par quinze à vingt bralfes: dans tout le refte de la Baie, il
n’y a prelque pas d’eau, excepté du côté de i’HIe-aux-
forbans, où il peut y avoir dix pieds d’eau, l’efpace de trois
à quatre encablures ( cinq à fix cents toiles ).
L’Ifle - aux - forbans eft plus avant dans la Baie, à une
demi-lieue ou environ de l’ille-aux-cayes : quelques per-
fonnes m’avoient dit que les Forbans qui infeftoient ces
mers dans le commencement de ce fié d e , carénoient leurs
Vaiffeaux fur cette Iffe , & qu’ils les y amaroient ; mais je
n’ai pu le croire, à moins que le fend n’ait prodigieulement
diminué en cet endroit depuis foixante ou quatre-vingts
ans ; car la curiofité m’ayant porté à vifiter toute la Baie,
je me mis dans une pirogue avec un Officier que M. de
Laval me donna : nous avions deux Noirs qui menoient la
pirogue, & qui pour nous conduire ne le lèrvirent que de
piquets prelque par-tout; c’eft ainfi que je parcourus toute
l’étendue de la Baie. Je fis le tour de l’Ille-aux-forbans en
fondant par-tout; le plus grand fond que nous trouvâmes,
fut z6 à 32 pouces; au refte, la rade eftfpacieufe & magnifique,
& capable-de contenir un grand nombre de Vaiffeaux ;
on y eft fort tranquille, & la tenue y eft très-bonne.
Tome I I . L I I