ce qui fait que ft on faiioit un étabiiflêment à Foulpointe,
il feroit nécelfaire d’y mettre de bons corps-morts 8c des
chaînes, afin de ne pas expofer les cables à être coupés.
Il ne faut pas relier dans cet endroit làns retenues ou
croupières traverlees, 'parce qu’on feroit expofé à toucher
contre l’écore du reffif, lorfque les vents varient d’un point
à l’autre de l’horizon.
Le reffif de Foulpointe efl dans toute fon étendue un
banc de fable vitrifiable, fur lequel les polipiers ont bâti
un édifice qui forme, du côté de la mer , un banc confi-
dérable de corail ou de madrépores rempli de crevaffes, 8c
qui fert de rempart contre l’effort de la mer. Lorfque la
mer eit baffe, cette partie du reffif eff. à fec ; pour lors, la
mer brife avec la plus grande force contre le rempart : c’efl
ce rempart, relevé en forme de glacis, qui rompt la mer,
8c qui fait que les Vaiflèaux font fi tranquilles dans le
Barachoua.
Mais ce port n’eft fur que dans la belle iàifon ; dans les
ouragans, la mer, depuis ce rempart jufqu’au canal ou Barar
choua , 8c même julqu a terre , ne paroît former qu’un
brifant. En 1 7 5 9 , le vaifleau la Colonie,, qui avoit coulé
en carénant dans le Barachoua, en fut enlevé par un ouragan,
8c fut porté proche la rivière Tartuffe, à plus d’un tiers de
lieue de Foulpointe; en forte que tout le terrein jufqua cette
rivière fut fubmergé : que l’on juge après cela fi ce port feroit
fur dans la mauvaife fàifon. On n’entré point à la voile dans
le Barachoua; ce feroit une imprudence, parce que l’entrée
efl: fort étroite, 8c que le Vaifleau, s’il le répandoit, tou-
cheroit contre les bords du banc ; il efl vrai que l’on peut
toucher fans rifque de iè faire beaucoup de mai, parce qu’on
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . ¿¡.irj
ne touche que par le côté; qu’il y a par-tout le Barachoua
allez d’eau pour que la quille du plus fort Vaifleau foit à flot;
que les bords font prefque à pic 8c de fable, làns roches ni
corail ; cependant il faut toujours entrer à là. touée, fe précautionner
avec de bonnes retenues, dans la crainte des fautes de
vent qui pourroient faire donner le Vaifleau au plein avant
qu’il fût entré; il faut auffi choifir un temps calme. Faute de
ces précautions, fe Walpoî, en '1763, fut jeté au plein, 8c's’il
n’avoit eu que fon propre équipage , il eût lailfé là carcaflè
à Foulpointe : nous lui envoyâmes plus de cent hommes de
notre Vaifleau 8c tous nos bateaux; malgré le prompt fecours
que M. de Laval lui donna 8c la peine qu’on prit, le Vaifleau
relia échoué pendant dix-huit heures, 8c fut démâté de fon
grand mât de perroquet par les fecouflès qu’il reçut de fa mer.
On fait fon eau dans l’anfe de la rade, à une rivière ou
ruilfeau que l’on nomme Tartaffe ; l’eau en ell excellente :
cette rivière fe rend dans une autre grande 8c belle, que
l’on nomme dans le pays Ong-hebey, c’eit-à-dire grand pied
( tous les noms à Madagafcar font fignificatifs }. Cette rivière
fe rend à la mer une lieue environ au Nord de la rivière
Tartaffe ; à fon confluent avec la rivière Tartaffe , elle
forme un grand lac tres-poiflonneux ; dans cet endroit, la
rivière Ong-hebey n’efl éloignée 8c léparee du bord de la mer
que par une digue de fable d’environ cent pas de largeur;
cette digue continue ainfi le long de la mer julqu’à une lieue
au Nord, mais en s elargrlTant confidérablement.
La mer déploie avec une! force étonnante le long de cette
digue ; auffi les Originaires m’ont alluré qu’anciennement
la rivière avoit fon embouchure où efl l’étang dont je viens
de parler ; que les fables avoient formé d’abord une barre
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