des anciennes connoiffances humaines fur les mouvemêns
céieftes, M. le marquis de Condorcet,, Secrétaire perpétuel,
en envoya, à mon infçu, un extrait à M. de Voltaire, qui en
parla avec éloge dans fon Ouvrage fur les Philofophes de
i’Inde. Lorfque le Mémoire entier fut imprimé , parmi nos
volum es, je me crus en quelque forte tenu, par reconnoiifance,
d’envoyer à M. de Voltaire un exemplaire de ce Mémoire,
que j’accompagnai d’une lettre. Quelque temps après je reçus
la réponfe que l’on va lire.
M. de Voltaire me propofe dans fa lettre plufieurs queftions
fort intéreffantes fur l’Aftronomie &. l a Mythologie des
Brames; j ’ai cru en avoir réfolu quelques-unes dans mon
premier volume, & iur-tout la grande & principale difficulté
concernant la valeur du Saros chaldaïque; l’incroyable
durée du royaume des premiers Chaldéens (a), & le nombre
auffi incroyable d’années , pendant lefquelles ils on t, difent
leurs Auteurs, obfervé ie Ciel avec la dqrniere affiduité.
Il eft très-certain, d’après la lettre de M. de Voltaire, que
ce grand homme ne croyoit pas que les Chaldéens aient
jamais eu quatre cents mille ans d’obfervations aftronomi-
ques : & j'oie me flatter qu’iLeût vu avec plaifir mon Mémoire
fur ce point intéreifant de Chronologie ( b). •
A Ferney, 1 4 Juin 1 77O.
’ J E ne puis trop vous remercier, Moniteur ; le Mémoire que
vous avez eu la bonté de m’envoyer eft ii inftruétif, que je vous
prie de m’inftruire encore : vous avez deviné la grande énigme des
Bracmanes; elle reffemble à ia période julienne de Scaliger.
( a ) . Mémoire fur la conformité ou la reiTembiance de i’Aftronomie des Brames de
nos jours avec celle des anciens Chaldéens, Tome 1, page 3 2 1 .
( i ) M. de Voltaire eft mort deux * trois mois avant la publication de ml»
premier Volume.
Ou je me trompe, ou les Brames attribuent fix cents mille
années à leurs quatre Jogues ; peut-être qu’en fe fervant de votre
méthode on pourrait découvrir ie myftère de ces périodes. La
chofe ferait curieufe : elle ferviroit à faire foupçonner du moins ,
pourquoi les Chaldéens prétendirent autrefois avoir des oblèr-
vations de plus de quatre mille fiècles.
Il eft certain que les Indiens furent les premiers de tous les
hommes qui connurent la préceilîon des équinoxes, ils ne fe
trompèrent que de deux fécondés par année; ne fe pourroit-il
pas qu’ils eulîènt calculé une période de fix cents mille ans fur
la révolution réfultante de leur cycle de vingt-quatre mille ans,
fondé fur cette préceffion des équinoxes !
M. Hoiwell & M. Dow, prétendent qu’on ne peut tirer aujourd’hui
ces fecrets que du petit nombre des Brames qui fouillent
à Benarés dans les ténèbres de leurs antiquités : mais vous avouez,
Moniteur, qu’ils font peu communicatifs, & vous avez la bonne
foi de nous faire entendre qu’ils ne méritent guère qu’on aille fur
le Gange pour les interroger.
Pour moi, Monfieur., c’eft à vous feui que je prends la liberté
de faire des queftions. Trouvez bon que je vous demande fi les
noms des figues de leur Zodiaque ont toujours été les mêmes, &
s’il fèroit vrai , que les Grecs qui voyagèrent autrefois,dans i’Inde,
y eulîènt établi peu-à-peu les noms & les fignes que nous avons
reçus d’eux. C ’eft un favant Jéfuite nommé Ports, qui l’a dit dans
fa lettre au P. du Halde, tome X X V I des Lettres curieufes.
Je ne conçois guère comment les Bracmanes qui étoient fi jaloux
de leur fcience, auroient reçu de quelques Grecs un Zodiaque
étranger, qui n’étoit nullement convenable à leur climat ; car s’il
eft vrai que les Grecs eulîènt défigné , leur première dodecathé-
morie en Grèce au mois de Mars ; fi leur fécond ligne aurait été
un Taureau, parce qu’on commençoit les labours au mois d’Avril;
fi une fille tenant en fès mains des épis de blé , aurait été le
fymbole du fixième mois ; comment des Indiens qui ne connoifloient
pas ie blé auroient-Us pu adopter ces fignes !
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