C ’eft une Fatalité attachée, je le répète, aux Gouverneurs
cîe Manille; ils font moralement furs, en y arrivant, de n’en
jamais fortir.
A r t i c l e s e p t i è m e .
* De iAudience royale.
L ’A udience ro ya le , créée pour la première fols en
rï 58 4, d’après les informations que fit à la Cour le premier
Évêque dé Manille _( car i’Evêché de cette ville ne fut érigé
en Archevêché qu’en 1595 ) , fut lûppriméé en 1 5 9 1 ,
fur les repréfentations du Gouverneur, qui ne la crut pas
riécëffairé, ayant jugé & mandé à la Cour, qu’un corps de
quatre cerits hommes qu’il avoit formé feroit plus utile. Les
Oidors s’embarquèrent donc pour l’Europe; i’Evêque qui
¿voit follicité i’érëéliori de ce tribunal, le vit en quelque
forte obligé de palier en Europe avec les Oidors réformés;
ils informèrent la Cour de tout, & lui repréièntèrerit la
néceffité de rétablir l’Audience royale : l’affaire traîna juf-
qu’en 1 5 9 8, qu’elle fût enfin terminée à l’avantage dé ce
.Tribunal.
L ’Audience royale à Manille eft compofee d’un Préfidenï
qui efl toujours le Gouverneur, de quatre Oidors , d’un Fifcaf
& fort Subftitut, d’un Rapporteur-fecrétaire, d’un Procureur^
d’un Portier, d’un Chapelain, d’un Déperifier, de quatre Indiens
Portiers, Avocats pour les prifonniers, d’un Défênfèur des
pauvres, d’un Prévôt delà prifon de la Cour, fon Lieutenant,
un Servant & deux Huilfiers.
L ’Audience royale juge en dernier rëflôrt,
' Chaque Oidof a trois mille trois cents huit pialires d’atw
pojntemens m 670 5 liv. ) , & les autres Suppôts à proportion,
A r t i c l e
A r t i c l e h u i t i è m e .
De la Chambre des Comptes, des Rentes fix es de la
Caijfe royale; ¿r de la Maifon-de-ville.
IL y a à Manille, pour les comptes des revenus du R o i,
trois Officiers royaux, un Fadeur, un Compteur & un Tréforier,
qui ont chacun 1875 piaftres d’appointemens (9 8 4 4 liv.)
lorfqu’ils font en exercice ou fonélion ; iorfqu’ils ne font que
par intérim, ils n ont que la moitié de ces appointemens ; il y a
outre cela, dans cette Chambre, différens autres Officiers,
comme Contrôleur, Balancier ou Pefeur & autres, un Huiffier,
des Écrivains & des Portiers; celui qui a la garde des
magafins royaux de Manille & de Cavité, eft auffi Membre
de la Chambre des Comptes.
Les revénus de la Caille royale de Manille, pourraient être
tres-confidérables, fi les Philippines étaient bien cultivées,
bien adminiftrées, & s’il y avoit du' commerce. Le Roi a
les Annates, les impôts qu’on lève tous les ans furies marchands
Chinois, le papier fcellé, les impôts fur le v in , fur les
marchandifès, & c. & les cent dix mille piaftres qui paiîènt
tous les ans du Mexique à Manille, depuis l’année 1676;
quant aux Provinces, les Alcaldes qui les gouvernent en
envoient les revenus & les comptes à Manille, en déduifànt
leurs appointemens & les charges qu’ils ont à payer. Selon
un état des finances du R o i, que je tiens de la Chambre des
Comptes, état dreiîë pour 1 7 4 9 ; le revenu de Sa Majefté
Catholique montoit cette année à fix cents vingt mille cinq
cents quatre-vingt-dix-neuf piaftres & cinqréaux; la dépenfe
fut cette meme année à cinq cents quatre-vingt-dix-neuf
mille huit cents foixante-fept piaftres & fix réaux; en forte
'Tome 11, y