à l’entrée de la rivière, & qu’enfin, la mer y a tant apporté
de fables pendant les vents de Nord - eft , que la digue
s’eft formée ; qu’aujourd’hui encore , quoique la digue foit
fort élevée au-deffus du niveau de la mer, dans les forts
ouragans, elle furmonte la digue & va fe répandre dans
l'étang.
La violence de la mer eft fi grande dans cette faifon
qu’elle change le rivage, & bouche l’entrée du port pour
les grands Vaiflèaux qui voudroient y entrer, en forte que
de 2 j 230 pieds d’eau qu’il y a ordinairement à l’entrée du
Barachoua, il n’y en a guère plus de 16 dans la fàifon des
vents de Nord-eft; mais comme aucun Vaifleau n'ofèroit
alors s expofer a fe mettre dans ce port, peu importe qu’il y
ait à l’entrée allez d’eau ou qu’il n’y en ait pas aflèz.
Lorfque la faifon change & que les vents de Sud régnent,
la paflè ou l’entrée fe débouche, par le moyen des courans
qui entraînent les fables dehors ; alors il y a 2 1 pieds d’eau au
moins à 1 entrée : fitôt que l’on voit que les vents de Nord-eft
veulent fe déclarer , il faut envoyer fonder tous les jours,
& fi on aperçoit quelque diminution dans le fond, il. faut
promptement fortir & aller en rade.
La mer filtre au travers de la digue, &Teau de la rivière,
du moins à l’endroit le moins large de la digue, eft falée;
le Tel paroît même par - tout fur cette digue , comme en
France nos gelées blanches ; ce qui fait que les Vaiflèaux
ne font pas leur eau précifement en cet endroit, fi voifin du
bord de la mer; ils font obligés de remônter environ cent
pas plus haut dans les terres , où ils trouvent la rivière
Tartaflé avant fon confluent avec la grande : Tartaflë n’eft
à la vérité qu un rujflêau , mais il eft ordinairement aflèz
«boudant. Sur la langue ou digue de fable dont je viens de
parler, il s’eft formé un grand village que l’on nomme
Maroüahomhé ( beaucoup de boeufs ).
L’endroit où l’on s’établit pour les Traites eft en face du
chenal, à un grand quart de lieue au Sud de Maroüahomhé;
l’endroit fe nomme Mahavelle, & il eft fi attrayant par fà
pofition, la bonté de fon fol & le commerce du r iz , &c.
qu’il n’y a que quelques années que la plaine étoit couverte
de villages, ce qui formoit quelque chofe de fort agréable ;
mais les guerres, qui détruifent tout, ont dévafté le pays,
au point que les Noirs , en petite quantité, allèrent fonder
Maroüahombé, à l’endroit où. il eft aujourd’hui : c’étoit un
.village de cinq cents cafés & plus en 176 2 .
Au Sud de Mahavelle, précifément au bout du Barachoua,
eft un village nommé Marivelle, très-peu confidérable , &
une petite rivière nommée Pàcembole { fable d’argent ), parce
que le fond en paroît argenté, à caufe de la grande quantité
de talc qu’elle renferme : il paroît qu’il y a beaucoup de
talc dans les terres de cette partie de Madagafcar.
■ Sur le bord de la rivière Tartaffe, dont je viens de parler,
on trouve un banc confidérable d’une efpèce de granit,
compofé, à ce qu’il m a paru, de talc & de fable pareil
à celui du bord de la mer, & qui eft tout vitrifiable ; ce
banc eft tout veiné de criftal, & ces veinés ne m’ont paru
être autre chofe qu’un fédiment qui, ayant rempli les fentes
perpendiculaires, s’eft durci, a tout lié enfemble, & n’a plus
fait qu’un feul bloc.
O11 trouve à Foulpointe, dans la plus grande abondance,
& par conféquent à très-grand marché, tous les rafraî-
çhiflèmens dont on peut avoir befoin ; de la volaille, du