foit Nord & S u d ; alors , on peut venir au Nord-oueft, &c.
pour entrer dans le fond de la Baie & gagner le mouillage ;
mais il faut bien fe méfier du v en t, qui eft ordinairement
de la plus grande force, & qui-, s’il furprenoit toutes voiles
hautes en venant au lof, pourroit au moins forcer d’arriver,
& par-là, de manquer l’entrée de la Baie.
En filant la côte, nous gouvernions au Sud-oueft-quart-
fud; nous ne nous apercevions pas de la force du vent,
parce qu’il venoit de l’arrière.
Lorfque nous fumes par le travers de la pointe d’Itapère,
on vint au Nord-oueft, enfuite au Nord-oueft-quart-de-
nord , pour donner dans la Baie fous la pointe d’Itapère.
Nous n’avions alors que nos huniers ; M. des Blottières,
très-bon marin, avoit eu la précaution, quoiqu’il n’eût jamais
été au Fort-dauphin, de faire ferrer toutes fes voiles jufqu’à
fes foqs : la brife était fi extraordinairement forte, que l’on
fut obligé en venant au vent, d’amener les huniers tout bas,
tant le Vaiifeau, qui d’ailleurs portait bien la voile, prêtait le
côté; & lorfque nous eûmes un-peu dépafle la pointe d’Itapère,
& que nous commençâmes à être à couvert par les mondrins
de cette pointe, nous trouvâmes une mer tranquille & lèvent
nous manqua prefque tout-à-fait ; de forte- que pour acheva:
de gagner le mouillage des quatre mondrins, on hiflà les
huniers à mi-mât Cet exemple eft fuffifant pour faire fenth*
combien il eft important d’ufer de précaution en arrivant
au Fort - dauphin.
Lorfqu on a vu la terre par 24 degrés environ, on prolonge
la cote en failânt le Sud-oueft-quart-de-Sud , juiqu’à
la pointe d'Itapere qifon n’oubliera pas de relever jufqu’à
ce qu on 1 ait rnife au Nord : l’île de Sainte - Claire, qu’on
rencontre deux lieues & demie à trois lieues auparavant,
relfemble à deux petits mondrins détachés de la terre.
En approchant de Sainte - Claire, la pointe d’Itapère
paroît fous la forme d’un pâté, dans lequel on remarque
fix hachures très - fenfibies ; & lorfqu’on a dépafle Sainte-
Claire , Si qu’on n’eft plus qu’à environ une lieue & demie
de cette pointe, on diftingue quatre mondrins allez détachés
les uns des autres pour ne pas s’y tromper.
La roche d’Itapère eft un danger qui eft à un quart de
lieue environ au large de la pointe; on ne la voit point,
mais il eft aifé de reconnoître ce danger, parce que la mer
y brife prefque toujours avec beaucoup de force, Si elle
s’élève quelquefois fi haut après avoir brife, que l’on diroit
dans des momens que ce feroit un Vaiifeau à la voile.
» Cependant, il eft aifé de s’y tromper lorfqu’on n’eft pas
Pratique, comme il eft arrivé à quelques Vaiflèaux; par la
raifon que les baleines qui font en très-grand nombre le
long de cette côte, foufflent l’eau dans la forme exaélement
qu’on voit fauter la mer fur la roche lorfqu’il fait grand
frais.
Je crois encore devoir avertir ici , qu’entre cette roche
& la terre, il n’y a point de paffage.
Ayant donc attéré par les 24 degrés, la difficulté pour'
gagner le Fort - dauphin, ne confifte plus qu’à compaflèr fon
chemin de façon à pouvoir entrer de jour dans la Baie, ou
a etre au moins au coucher du Soleil par le travers de la
roche d Itapère, afin de pouvoir , avant la nuit , aller
mouiller fous la pointe d’Itapère, fous les mondrins, pour
y paflèr la nuit: dans- le cas d’une très-foible brife & de
nuits iaiis clair de Lune, il ne feffiroit peut-être pas d’être