goût de celles qui règlent celui des Vaiffeaux de regîftre
” qui partent de Cadiz pour les Indes occidentales. Les Vaif-
» féaux qui font employés à celui de Manille font entretenus
» par le roi d’Efpagne, qui en paye les Officiers & l’équipage,
» & la charge en eft divifée en un certain nombre de balles
» d’égale grandeur ; ce nombre eft diftribué entre les couvens de
» M anille, & les Jéfuites y ont de beaucoup la meilleure part.
» C ’eft une efpèce de gratification que le Roi leur fait pour
» foutenir leurs miffions, deftinées à la .propagation de la Foi
» catholique ; & chaque couvent a droit de charger fur le
» galion , une quantité de marchandifes proportionnée au
» nombre de balles qui lui efl: affigné ; ou s’il l’aime mieux,
»- il peut vendre de traniporter ce droit a tout autre : or,
» comme le Marchand qui achette ce droit, n’efl pas toujours
» allez bien fourni pour le faire valoir de fon propre fond,
» les couvens s’accommodent avec lu i , & lui font des avances
» confidérables à la greffe aventure.
», Les Ordonnances du Roi ont limité ce commerce à une
» valeur de marchandifes qu’il n’eft pas permis d’excéder.
„ Suivant quelques manuferits Elpagnols qui m ont paffé fous
„ les y eu x , dit îAuteur, cette valeur efl fixée à fix cents
„ mille piaftres : certainement cette loi eft mal obfervée, &
„ il n’y a peut-être pas d’année que cette cargailbn n excede
M de beaucoup cette lomme ; il eft difficile d eftimer au jufte
„ à quoi elle peut monter ; mais je crois être bien fondé à
» affurer que les retours montent rarement à moins de trois
millions de piaftres. »
Telle eft l’idée que nous donne du commerce de Manille
l’Auteur du voyage de George Anlon ; telle eft auffi celle
que j’en avois prilè avant mon voyage. Sans prétendre ici
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 203
faire la critique de ce paffage, je dirai qu’il y a toute apparence
que l’Auteur a é;é trompé, foit par les manuferits
Elpagnols qu’il dit lui avoir paflè fous les y eu x , foit par
ceux auxquels il s’en fera rapporté.
Pour moi j’ai remonté à l’origine ; & comme mon but,
outre celui des obfervations aftronomiques , a toujours été
dans mes voyages, d’examiner le commerce des Européens
dans l’Inde, j’affure mes leéleurs que j’ai fait tout ce qui a
été en mon pouvoir pour me procurer des connoiffances fur
celui des Maniilois à Acapulco. J’ai puifé à la fource même,
& fi ce commerce étoit tout réparti entre les Moines, & fi
les Jéfuites y avoient la meilleure part, les anecdotes que
j’ai rapportées ci-deffus au fujet de ces Moines, & que je
tiens de bonne part, font affez voir qu’à cette lôurce où
j’ai puifé, on ne m’auroit pas iaiffé ignorer cette dernière
particularité. Je crois donc être bien fondé à affurer ici que
ce commerce ne le fait point comme il eft dit dans le
célèbre voyage de George Anlon : voici la manière dont
on charge les galions du Roi.
Le commerce des Philippines eft partagé entre tous les
hahitans, qui font matriculés & inlcrits à la mailôn de ville
de Manille ; il eft défendu aux étrangers, & même aux
habitans de la nouvelle Elpagne. La vente des effets le fait à
Acapulco, iis y font portés par les galions que l’on conftruit
à Manille aux frais du R o i, & qui font deftinés à entretenir
la communication de la nouvelle Elpagne avec les îles
Philippines, pour y conduire l’argent néceffaire, les Millionnaires
& les Troupès, pour la manutention du temporel &
du fpirituel de ces îles : l’embarquement des effets & marchandifes
fe fait donc fur les galions de Sa Majefté, mais
tT c ij