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tour, & n’en pas approcher plus près qu’à un quart de
iieue, pour ne pas tomber dans le cas du vaiiTeau de Roi
le Minotaure, de 7 4 ,canons, qui fe trouva engagé fur cette
pointe en 1 7 59, qui y refta pluiieurs heures , & qui en fortit
avec 7 5 pieds de la quille emportés. Pour éviter la crainte du
relîif, il faut ranger la côte à quatre à cinq lieues de diflance;
car, dès qu’il faut rondir ce reffif, pourquoi ne pas commencer
de bonne heure par s’en tenir à une diftance luffilante i
Pendant la faifon des vents de Nord-eft, il faut le mettre
direélement par la latitude de Foulpointe ; on eft for de ne
pas manquer le mouillage : ft aü contraire on s obftme a
foivre la routine des vieux Marins de côte, qui confifte à
attérer au Sud de Foulpointe, comme feroit l’Iile-aux-Prunes,
011 rifque de tomber fous le v en t, d ou 1011 ne ppurra le
relever, fi les vents s’obftinent à refter au Nord - e ft, fans
être obligé de rapporter là bordée jufqu’aux environs des
îles de France & de Bourbon. ( Voyei l ’article I I I ) .
Je ferai encore remarquer que ces qents de Nord-eft,
dont nous venons de parler , ' varient a proportion qu on
j s’éloigne de la côte de Madagafoar ; ils font ordinairement
plus forts le long de la côte, qu’ils ne le font -à vingt-cinq
ou trente lieues au large ; ils prennent auffi un peu plus -du
Nord à cette diftance.
Les mamelles de Foulpointe , quatre montagnes qui en
-font à douze à quinze lieues dans l’Oueft, doivent fervir de
relèvement ; mais lorlqu’on ¡vient du Sud , elles paroiifëht
'fous une forme un peu différente, car de Ufte-aux-Prunes
on n’en voit que deux.
Un ligne certain de terre dans la faifon des vents de
Nord-eft, & même pendant une grande partie de 1 année,
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 435
eft un banc de nuages confidérable fort noir & fort uni, qui
fe forme dans la journée & qui s’étend fur Madagafoar; ayant
environ 10 degrés d’élévation, vu de terre, au-deffos de
¡’horizon : le Soleil fe cache derrière ce nuage ; on le voit de
douze, quinze à vingt lieues en mer; en forte qu’on eft fur,
quand on l’aperçoit, qu’on n’eft pas foin de terre.
Foulpointe fournit des boeufs & par conféquent des
falaifons ; il fournit aufli du riz ; il y vient beau & bon ;
mais les campagnes font mal cultivées.
L’Ifle-aux-Prunes, dont je viens de parler, n’eft qu’un îlot
d’une moyenne hauteur, & tout-à-fait voifin de la terre; on
ne peut pas le voir à fix lieues de diftance : 011 y a obfervé
;I 8d de latitude ( félon M. de Joannis). Si on attère au Sud
de cet îlot, en allant à Foulpointe, & quon acofte la teire
à deux lieues feulement de diftance, on verra les mamelles
qui précèdent Foulpointe; on n’en peut voir que deux : fi
011 relève alors l’îlot par ces deux mamelles, à l’Eft-quart -
nord-eft, on trouve vingt-neuf brafles, fable roux.
Au Sud de l’Ifle-aux-Prunes & à trois lieues de diftance,
il y a un petit banc de fable qui découvre en partie : M. de
Joannis l’a vu ; il le met à i8 d 10' de latitude.
Deux autres, félon ce même Navigateur, s etendent jufqu à
1 8d 2 0 ', & font à une lieue & demie de la côte; on dit
qu’il y a paffage entr’eux & la côte : au refte, la mer a
paru, à M. de Joannis, mauvaife tout le long de cette cote,
& peu propre à l’ancrage pour les gros Vaideaux.
A l’égard des eourans, ils doivent porter tantôt N o rd ,
tantôt Sud, félon les vents; mais iis font bien peu fenfibles:
M. de Joannis n’en dit rien dans fon Inftruétion. (Voyez
Tome I , page 6 j o ).