placés ou mis au-deflus des autres ; ils le fùccèdent dé*
père en fils, & tiennent le refte des habitans fous le jotig.
Ces Roitelets font en guerre perpétuelle les uns contre
les autres, le tout pour s’entrevoler & enlever leurs beftiaiix
& efolaves : ils ne manquent jamais de prétextes; ils fup-
pofent pour cet effet d’anciennes & vieilles querelles.
Les endroits principaux où nous avons eu des établit-
ièmens, font le Fort- dauphin, les Matatanes, Foulpointe
& l’île de Sainte-Marie. Il y a eu des forts bâtis àu Fort-
dauphin , à la rivière de Mananlàri & a Sainte-Marie / les
Naturels nous y ont maflacrés & par conféquent nous en
ont chafles : nous ne cédons malgré cela de fréquenter tou3
ces endroits, & l’on y fait des étabiilïèmens paflàgers.
La caufe de nos malheurs à Madagafcar,. m’a paru venir,
èn grande partie, de la tyrannie que nous avons toujours
exercée envers ces -peuples , comme s’ils eulfent été nos
efolaves, & qn’il fut permis d’être tyran envers fes efolaves.
Depuis le Fort-dauphin julqu’à Tamatave, la côte eft
inabordable prefqùe par-tout pour des bateaux, étant bordée
de barres & de relÈfs. Au lùd de Tamatave , à deux, à
dix & à quinze lieues, on rencontre les plus belles rivières,,
larges de plus d’une demi-lieue à leur embouchure ; il y a
très-grand fond, mais l’entrée en eft bouchée par des barres
& des roches , & jamais ces rivières ne le débouchent : il
faut cependant en excepter la belle rivière de Mananlàri ,
où nous avons eu un fort , au nord des Matatanes, les
bateaux peuvent entrer dans cette rivière.
On trouve encore un très-bon mouillage, à quinze lieues
au nord du Fort-dauphin , entre l’île Sainte-Liice & ht
¿Grande-terre; ¿ e grands vaiflêaux peuvent y mouiller, à.
3es chaloupes peuvent entrer dans la rivière que l’on nomme
LManghafia : cet endroit a été le premier établiifement des
François à Madagafcar; mais quoique tout le refte de la
côte foit inacceflible aux bateaux, les pirogues trouvent des
paifages, & avec leurfecours, on peut commercer avec les
Naturels, pendant que les Vaiifeàux font mouillés au large,
où la tenue eft très-bonne.
Depuis Tamatave jufqu’au nord de la baie d’Antongil,
la côte eft abordable par-tout pour des bateaux.
A r t i c l e s e c ó n D.
'Premier voyage de /’Iiîe-de-France à l ’île de Madagafcar
& au Fort-dauphin.
J E partis de l’Ifle-de-France le 23 Août fur te vaifleau le Rubis,
commandé par.'M. des Blottières »Capitaine des Vaiflêaux de côte de
la Compagnie , avec lequel j ’eus tous les agrémens poffibles. N q u s
mouillâmes en rade de Saint-Denys, île de Bourbon ,. L 24. Je
trouvai à cette île M. de Lofier-Bouvet, Gouverneur & Commandant,
qui me reçut parfaitement bien & me logea au Gouvernement.
L e 5 Septembre au matin, nous partîmes de Saint-Denys &
aflames à Saint-Paul, où des affaires appeloient M . Bouvet : je
parlerai ailleurs du chemin par terre de Saint-Denys à. Saint-Paul,
qu’on a pratiqué au travers de montagnes très-difficiles. M . de la
Nux , Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences , étoit
réfidànt à Saint-Paul ; nous nous vîmes ce jour-là pour la première
fois, mais nous avions éfo en correfpondance de lettres enfemble,
depuis que. j’étois dans les mers de l’Inde. M . Bouvet me fit donner
un logement dans le Gouvernement , & lorfqu’il eut terminé fes
affaires, il repartit pour Saint- Denys.
Le Rubis étoit venu mouiller à Saint-Paul , mais il n’étoit pas
encore fur fon départ pour le Fort-dauphin. M . Bouvet quitta Saint-
Paui le 14 à cinq heures du matin, & à fix heures, M . de Iieaulme,