la Sainte - R o fe, & amena avec lui les Jéfuites qui étoient
aux Philippines.
, Je ne fais combien de balles de marchandifes M. de
Cafeins chargea fur fou Vaifièau , ni tous les démêlés qu’il
eut avec le Gouverneur, Don Jofeph Raon; il en dut avoir
au moins de bien vifs au fujet de la Sainte-Rofe. Cet
Officier, à ce que j’ai appris à bord de 1 ’ Ajlrée, craignant, &
avec, raifon , que ce Gouverneur n’attentât fur fa liberté, fè
retira fort fagement à bord de ion Vaifièau, dans l’intention
de fè bien défendre : il mourut au retour de ce voyage,
& Don Jofeph Raon fut arrêté. ( Voyez Tome I , p. y 2 ) .
Depuis M. de Cafeins, la Cour d’Efpagne 11’a plus envoyé
que des Frégates à Manille; ce fut fur une de ces Frégates,
nommée YAftrée, que j’ai repafîé en Europe. (Voyez Tome I,
page y y ) .
* En forte qu’il n’y a pas d’apparence qu’il s’ouvre fitôt un
grand commerce entre Cadiz & Manille, tant qu’il-n’y en
aura pas entre Manille & l’Inde, & qu’on ne fupprimera
pas celui de Manille à Acapulco. Les nouvelles publiques
ïious ont appris cette année 17 7 9 , qu’il étoit parti de Cadiz
au commencement de l’année, un Vaifièau marchand pour
Chine & pour Manille.
A R T I C L E T> l X - S E P T I È M E. /
D étails fu r la prife de M a n ille, ¿ r Journal du Siège
de cette ville.
L ’ o n ne fèra peut-être pas fâché de voir ici un petit
détail de la guerre que les Philippines, foutinrent e.n 1 7 6 2 ,
pour la première fois , contre les Anglois ; & quoique la
d a n s l e s M e r s t>e l ’ I n d e . 2 3 1
partie militaire ne foit pas de mon relfort, j’oferài cependant
tracer à mes leéteurs un tableau de ce qui s’efl pafîe de plus
intérefîàiit dans cette guerre. J’ignore ce que les Anglois en
ont publié dans leurs nouvelles ou gazettes; je ne me fuis
point trouvé à Manille dans ce temps ; mais, la mémoire de
cet événement y étoit encore toute récente lorfque j’y arrivai
en i/66. Je fus très-lié d’amitié avec Don Andrés Roxo,
qui avoit été ^Secrétaire du Gouvernement fous l’archevêque
Roxo fon oncle/alors Gouverneur général des Philippines:
il m’a fourni beaucoup de matériaux concernant cette guerre-;
il m’a donné fur-tout le Journal du fiége de Manille, Journal
écrit de la propre main de l’Archevêque fon oncle, Sç Don
Andrés Roxo me fit lui-même une copie de ce Journal ;
enfin, il m’a raconté quantité d’anecdotes- finguliëres touchant
cette guerre : la plupart de toutes ces anecdotes me furent
confirmées par Don Eflevan Roxas y Melo, & par M. Pignon
chez lequel comme je l’ai dit, ' je demeurois : M. Pignon
étoit François; il fe trouva au fiége en qualité de fécond du
Çaffillan ou Commandant du fort Saint-Jacques. M. Fayette,
ancien Officier françois , pour lors au fervice d’Efpagne à
Manille, que j’ai vu depuis à Pondichery, & avec lequel je me
fuis beaucoup entretenu fur cette guerre, m’a également confirmé
tout le petit détail dont je vais faire part à mes leéteurs.
Lan 1 7 6 1 , a la mort de M. Arandia, gouverneur &
capitaine général des Philippines, l’archevêque de Manille, "
Don Manuel Antonio Roxo , prit le bâton de comman- "
dement par intérim. La guerre étoit déclarée entre FElpagne
& la Grande-Bretagne: on m ’eut là. Manille aucun avis de
cette rupture; ce fut l’armée navale des Anglois qui y porta
la première nouvelle de la guerre entre les deux Puiffances.