que je viens de rapporter , & qui leur donnent 7 6 degrés jufie
pour la latitude de ieur lo g e , font cependant & de fait renfermées
entre 75 & 7 6 degrés un tiers, à peu de chofe près; de façon
cependant encore que la plus grande partie des réfultats font entre
75 & 7 (S degrés; par conféquent s’il m’e'toit permis de prendre
un milieu entre des réfultats fi douteux & fi équivoques, j’établi-
rois que la loge des HoIIandois n’étoit que par 75 degrés 30 ou
3 5 minutes. D ’après cette fuppofition, je trouverois que la plus
grande élévation du Soleil, obfervée le 2 & le 3 Novembre, par
les HoIIandois, donne une réfradion horizontale qui n’exccde pas
42 minutes, quantité nullement extraordinaire pour la nouvelle
Zemble , qu’on a quelquefois cru trouver à Paris en hiver, mais
qui n’elt rien moins que conilatée pour nptre climat.
Tant de contradictions fi évidentes dans ie journal des HoIIandois
, principalement dans la partie aftronomique, nous font aifez
connoître combien nous devons être en garde contre le prodige
qu’ils nous racontent d’avoir vu revenir le Soleil quatorze, quinze
ou feize jours plus tôt qu’ils rie l’attendoient.
Je ne perdrai point le temps à m’étendre davantage fur cette
matière , à parler de la conjondion de Jupiter & de la Lune qu’ils
difent avoir obfervée, ni des amplitudes du 2 Novembre & du
5 Février , fur lefquelles ils fe contredifent auifi : j’en ai amplement
6 fuffifamment traité dans mon premier volume.
Je concluerai donc qu’avant que de chercher à expliquer le fameux
phénomène | foi-difant vu par les HoIIandois dans la nouvelle
Zemble, il me paroît indifpenfable de décider trois points eflentiels.
L e premier, que la latitude de leur loge dans cette Iile étoit,
comme ils nous le difent, de 76 degrés jufte.
L e fécond, qu’ils ont réellement obfervé la çonjondion de Jupiter
& de la L u n e , le jour qu’ils ont vu revenir le Soleil ; que çe qu’ils
difent de cette conjonction, n’eft pas, contre mon opinion, le
réfultat des réflexions & des combinaifons faites par eux le jour
qu’ils revirent le Soleil tout entier, pour nous donner à entendre
qu’ils ne s’étoient pas trompés dans le temps.
L e troilïème enfin ; il faut donner la raifon comment il peut fe
faire que ie Soleil s’étant levé & couché le 2 Novembre & le 8
Février avec les mêmes amplitudes , félon les HoIIandois ; tout
le globe de cet aftre ne parut pas le 2 Novembre fur l ’horizon,
pendant qu’il y parut tous les jours depuis le, 2 7 Janvier , & à
plus forte raifori le 8 Février ; car fi le Soleil s’eft levé & couché
réellement le 8 Février avec les mêmes amplitudes que le 2 N o vembre
précédent , il s’enfuit qu’une partie de fon globe devoit
auffi être cachée à midi par l’horizon le 8 Février, comme elle
l’avoit été le 2 Novembre; & comme le 8 Février il y avoit douze
à treize jours qu’il paroifloit tout entier , félon les HoIIandois ,
ce phénomène contradidoire, & cependant obfervé par eux , à ce
qu’ils difent, n’a pu ayoir lieu fans fuppofer dans le Soleil une
rétrogradation fubite en déclinaifon, ou vers l’horizon de 3 degrés au
moins, pour faire que le Soleil fe levât le 8 Février accompagné des
memes apparences qu’ils fui remarquèrent le 2 Novembre précédent.
C e nouveau prodige de rétrogradation dans le Soleil, aurait été trop
frappant pour n’avoir pas été obfervé par les HoIIandois. Or, ils n’en
difent rien ; par conféquent la contradidion qu’ils n’ont pas aperçue,
en donnant leur journal au Public, fubfifte dans toute fa force.
Tels font les trois points fur lefquels il eft important de flatuer
avant que d’admettre l’obfervation des HoIIandois. II eft néceflàire,
lorfqu’on veut rechercher les caulès d’un phénomène extraordinaire
; il eft, dis -je 1, néceflàire, avant toutes choies, d’en bien
conftater la vérité. N ’admettons en Phyfique que ce qui ejl prouvé
( Voltaire, Avant-propos, tome 1, page 2 6 8) .
( Z omme je fais que les Lettres de M. de Voltaire font
toujours plaifir à lire , je vais rapporter ici celle qu’il m’a
écrite fur mon Aftronomie indienne.
Après la lecture que je fis à l’Académie de mon Mémoire
fur cette fingulière Aftronomie, .& fur ce monument précieux
Tome II, O 00 00