de flfle-de-Fiance ; quoi qu’il en foit, il y en a des quantités
incroyables. Les oifeaux y font aufli très-nombreux ; c’eft une
eipèee de tarin, grand cleftruéleur ; il vient du cap de Bonne-
eipérance, d’où on l’a apporté, dans la dernière guerre,;à l’iile-
de-France par curiofité & pour faire des prélens aux dames;
(quoique cet oifeau, qui eft une eipèee de lerin jaune &
gris, n’ait rien de curieux) mais c’eft un des plus funeftes
préfèns qu’on ait fait à flfle : on y en a aufli apporté de Java
& de Chine, connus fous les noms de Calfals & de Moineaux
de Chine. Ces oifeaux avoient multiplié, en 176 5 , à
tan point incroyable ; ils tomboient par bandes de deux à
trois cents fur un champ d’avoine ou de blé,- Se l’avoient
en peu de temps abîmé fans reflourGes.
En 1 7 7 1 , on fut obligé de faire une Ordonnance qu’on;
imprima & envoya dans toute l ’ifle, pour forcer les habitans
à fournir par an un certain nombre de têtes d’oifèaux & de
queues de rats. Ces làges précautions pourront peut-être
diminuer, le nombre de ces animaux deftruéteurs ; mais les
chenilles, les papillons & les fèchereflès font, des fléaux auxquels
f induftrie humaine ne peut r ien , non plus qu’aux
ouragans : ce dernier fléau eft le plus terrible de tous, il
mit en 1760 l’Ifte au moment de fa perte; celui du tpi au
30 Mars 1y66, ne fut pas moins fatal à fille. Que 11e
promettoient pas les campagnes avant ce fâcheux événement!
J’étois fur les lieux ,>au moment de partir pour les Philippines;
depuis long-temps l’Ifle-de-France n’avoit vu fes campagnes
fi richement couvertes ; des pluies venues à propos avoiènt
fertilife toutes les terres; on fe flattoit d’avoir échappé au
coup de vent, quoiqu’on ne fût pas encore à l’équinoxe ;
mais les habitans" ne s’en rapportant qu’aux nouvelles &
pleines lunes, croyant d’ailleurs que la nouvelle Lune qui
Venoit de paraître, étoit la Lune de Mars ; ils fe ffattoienï
qu’avant la nouvelle Lune fuivante , qu’ils appeloient la Luné
d'Avrih la récolte ferait en fureté dans leurs magafins. Le
premier quartier arrivé le 17 après-midi, dérangea toutes
les idées, car- il faifoit déjà très-mauvais temps le jour de
cette phafe ; enfin la nuit du ip au 20 les récoltes furent
toutes moiffonnées par l’ouragan , excepté au quartier des
pampiemouflès qui fouffrit moins; & dans les endroits où
l’on venoit de planter du. r iz , il n’y paroiffoit nullement
après l’ouragan : enfin, dans cette Ifle on n’eft jamais fur de
la récolte qu’on ne l’ait dans lès magafins.
L’Ifle-de-France fournit d’aflèz bons légumes; les arbres
fruitiers naturels de la Zone torride y viennent auffi, mais
le fruit en eft bien inférieur à celui des mêmes arbres que
j’ai vus à Java , aux Philippines & à la côte de Coromandel,
où. tous>ces arbres font naturels. Les arbres fruitiers de France
D’y réuHifient pas, même dans les terreins- les plus beaux
& les meilleurs; ils pouffent tout en jets ou branches fùperbes
pendant quelques années ; ils font frais à faire plaifir, mais
ils périffent bientôt fans produire de fruit, excepté cependant
k pêcher qui donne des fruits de médiocre bonté. Tous ces
arbres de notre climat quittent leurs feuilles dans fefpèce
Æhiver qui règne à cette Ifle, quoique l’on ne s’y chauffé pas,
& que le thermomètre ne marque que douze à treize degrés
àu-deflus de zéro.
Je pafle beaucoup de choies que j’avois recueillies fur les
produélions naturelles du pays, telles que les arbres & les diffe-
rens poifîbns que fes mers nourriffent, &c. on doit avoir de
toutes ces choies un detaii curieux dans fa cplleélion de M. de
Commerfon; ce favant Botaaifte a féjottrné affez long-temps à