Cette erreur qui eft depuis ia pointe de Gaies que nous avions
quittée il n’y avoit que fept jours , ne vous fürprendra pas,
comme ont du faire celles que nous trouvâmes à Socotora & à la
côte de Malabar.
Je vous envoie, Mpnfieur, avec i’extrait de mon voyage', les
obfervations qüe j’ai faites pour la détermination de Socotora & de la
côte d’Ajan à la côte orientale de l'Afrique; mais ii faut:avant tout
vous dire l’aventure qui eft arrivée à mon quartier Anglois.
Je n’avois point de chambre, comme vous favez, à bord de
la Sylphide; fur les Frégates armées en guerre il eft bien rare qu’un
paffager foit logé’; avant mon départ j’étois fort fié avec M. le Brun,
premier Lieutenant fur cette Frégate, Officier'd’un mérite très-
diftingué que vous connoiffez auffi-bien que moi, ii m'offrit de
difpofer de' fa chambre à ma volonté pour y travailler ; j’en pro.
fitai pendant le voyage. Étant encore à terre , je portai mes effets
à bord, cet Officier m ’ayant dit que je trouverais; fa chambre
ouverte, & que je pouvois en toute fûreté y mettre mon quartier j
Anglais; je l’y mis en effet fans affez réfléchir que dans ces premiers j
momens d’un départ preffant il y a toujours à bord des Vaiffeauxj
un peu de défordre & de confufion. Enfin lorfque nous fûmes tous j
■ embarqués & partis de Saint-Paul, je voulus à la vue dujçapij
d’Ambre tenter quelques obfervations Aftronomiques, on m ’àvoiij
enlevé les verres de ma lunette qui avoit environ; fept pouces de ]
longueur ;,on avoit eu la bonté de laiffer le tuyau , mais n’ayant i
point de verres de rechange comme on a des mâts à bord des
Vaiffeaux, ce tuyau m ’étoit devenu inutile. M. le Brun en fut air.
défefpoiO il fit toutes les recherches poffibles pour découvrir
Fauteur du vol, il n’y put parvenir : on foupçonua, comme vous
le penfez bien, les moufles ; pour moi je ne pus croire que des
moufles fuflent affez-hardis pour une telle adion ; ce ne fut
certainement pas eux qui dérangèrent ma montre le 14 & len 5
d’Avril au point que je! trouvai plus dé quatre heures de différence
de méridiens, là où je n’en devoîs pas avoir plus de trois.
y ou? voyez par-là, Monfieur, que les Aftronomes doivent être
bien
bien fur leurs gardes quand ils obfervent dans leurs voyages ; & qu'ils
doivent, porter un oeil très - attentif par-tout où les fecours leur
paroiffent indilpènfables. Je pris les verres de mon graphomètre, &
je les appliquai à un tuyau de fer-blanc que je fis faire par notre
Armurier ; ainfi équipé je fis les obfervations que je vous envoie.
L e i y d’Avril.
H A U T E U R S D U B O R D S U P É R I E U R
D E L A L U N E .
H, m : H D. M. S.
•j.. 12. 15 19. 0. O N
J. 14. t s 1 9 . 30. 0 /
y . 16.
22
y. 18.
30
20.
20. 3
° > Vers le Levant.
0. ° /
y. 2 0 . 3° ■2,1. 0 . 0 1
y. 2 2 . 3° 21. 30. 0 )
H A U T E U R S D E S I R I U S
E T D’ A R C T U R U S.
H- M. ' J, D. M. ' S.
6. 3. . 20 ■>-g. ; 5° O. O Y
6. 6. 15 r 4-9
VA)
O
0
6. 8. 50 49 0. Ò . Ces hauteurs ont été prifes à la faveur
6. 1 1 . - 10 48 3° . 0 du crépufcnle.
6. 18. 25 4-7 0. 0 ,
6. 15. 30 47 3 ° . 0 v
7- 7 . 30 26 58. 0 '
7-
xy. a y
I»
28
5 2 . 0
7-
x7 . 30
,
29
20. 0 i
Ces hauteurs otit été prifes à la faveur
du clair de Lune.
7. 18. 30 ! 29 3 6 . 0
Le 17 à midi, la hauteur obfervée du Soleil nous donna la
latitude de yd y 6‘ boréale ; depuis cet inftant jufqu’à celui de
Tome II. Ç c c c ç