ne m’a pant venir que d’ailuvions caufées par les pluies qui
ont charié ie fer des hauts lieux, dans la plaine.
On m’avoit dit que cent livres de mine donnoient douze
livres de fer battu, mais j’ai vu par mpi-rnême que neuf mille
livres de mine donnoient depuis quinze cents livres jufqu’à
deux mille deux cents livres de fonte, c’eft environ vingt
pour cent ; mais ces quinze cents livres de fer coulé, ou deux
piille deux cents livres, ne rendoient pas la moitié de fer
battu, par çonféquent cette miné ne produifoit pas plus- de
'dix livres de fer battu pour cent livres de mine.
A fa Villebague la mine m’a paru plus abondante, mais
p’eft à une grande lieue des forges, dans des lieux fort élevés
& coupés de ravines & de précipices, Dans les quartiers plus
élevés encore, tels que le quartier Militaire, celui de la
nouvelle Découverte, la mine m’a également paru riche;
piais fi on en excepte la Villebague, ces endroits font très-
peu propres à des établiifemens de forges, parce qu’ils manquent
de la quantité fuffifante d’eau pour les différentes ufmcs; &il
n’y a pas d’apparence que les Entrepreneurs des forges aillent
jamais à deux à trois lieues des Pamplemouffes dans des moni
tagnes effroyables fie fans chemins, fouiller la terre pour portel
du fer à leur fourneau ; ces mines d’ailleurs, ne font guère que
fuperfipieiles à la terre, La Compagnie des Indes avoit con-
facré pour ces forges une étendue de bois que l’on nomme les
1Rcfems, de dix mille arpens, fi fe me le rappelle; elies’imagf
noit alors qu’en faifant des poupes réglées dans ces bois de
haute-fiitaje, ils repoufîèroient l’année d’après, & que les bain
■yaux ferviroient à reproduire la futaie ; maiscombien de générations
s’écouleront ayant que cette belle foret Ce repioduife.
Quoi qu’on en puifiè dire, des obforvatfons que j ai faites
avec beaucoup d’attention, m’ont prouvé que les bois une
fois coupés'à fille-de-France, ne reviennent point; j’ai fur
cet article un grand nombre de faits que je fuis forcé, à mon
regret, de fupprinier ; ainfi la forêt qui entretient .rituellement
Je feu aux forges de Mon-defir, deviendra bientôt un vaile
défert. Lorfqye je fuis parti, en 17 7 0 , on alloit déjà à une
lieue & demie des forges chercher le charbon , & plus il s’écoulera
d’années, plus la fource du charbon s'éloignera ; ainfi
le défaut foui de bois & de mines, fans parler des caufes morales,
fera infenfiblement tomber cette foible branche de commerce
(h). On a penfé dans ces derniers temps au café, dont
la Compagnie avoit fait fon objet principal à l’Ifle-de-Bourbon.
Le café eft d’un bon produit ; on le plante à l’Ifle-de-
Bourbon à fix pieds de diftance : un pied rapporte jufqu’à
quatre livres, malgré cela on ne compte jamais à Bourbon
qu’une livre de café .par arbre ; & un habitant qui auroit
une plantation de cinquante mille pieds de café, ne récolteroit
jamais plus de cinquante mille livres de café. On compte aufli
un Noir par mille pieds de café; ce font donc cinquante Noirs,
mais qui, par-deftùs le marché, ne font pointa charge aux
autres Noirs, puifqu’ils font encore eux-mêmes leurs vivres.
La Compagnie a mis long-temps le prix au café de Bourbon ;
elle en donnoit huit fous de la livre aux habitans, ainfi un
particulier qui auroit eu cinquante mille pieds de café, étoit
aifuré d’un produit annuel de vingt mille livres : c’eft un
revenu confidérable pour un pays où tout le refte néceffaire
à la vie croît en abondance & y eft excellent, boeuf, cabrits,
Volailles, légumes, &c. les foules chofes qui y manquent font
{ ( b) J’apprends dans le moment que cet Établiffement ne fubfifte plus.
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