» fuflent en petit nombre ) fe jetèrent fur l’ennemi avec une
» telle fureur, qu’ils s’emparèrent des polies dont on vient de
» parler; ils en délogèrent les fufiliers ennemis, blelîknt &
» tuant tous ceux qu’ils rencontraient; mais les Anglois furent
» promptement fecourus, par un renfort de trois cents fufiliers
» qui reprirent les polies qu’ils avoient perdus, en faifant reculer
» les Indiens, à qui on fit lignai du ballion de Saint-André
» de laiffer un champ ouvert, afin qu’on pût avoir lieu de
- » faire feu avec notre artillerie: elle fit, par ce moyen, beatt-
» coup de tort à l’ennemi.
» Pendant le fort de cette lànglante aélion, on aperçut un
» Officier du camp portant un drapeau blanc ; il étoit lùivi &
» accompagné d’un jeune homme vêtu de noir , & d’un
» Tambour battant la chamade : on fulpendit le feu de notre
» artillerie; mais la fufillerie de l’ennemi continuoit avec une
» opiniâtreté«faHs égale, contre les Indiens lanciers qui foute-
» noient toujours ce feu; de forte que ces Indiens attaquèrent
» l’officier Anglois, le tuèrent, & donnèrent fept bleffures
» mortelles au jeune homme qui l’accompagnoit ; pareillement
» le Tambour fut tué , & une autre perfonne qui paroilîoit
» être le domellique de l’Officier : les Indiens coupèrent la
» tête à celui-ci; mais ne pouvant plus fouffrir le feu ennemi,
' » ils fe retirèrent dans le chemin couvert de la Porte-royale,
» laquelle on leur ouvrit afin qu’ils rentralîent : voici le cas.
» Le neveu de l’archevêque, Don Antonio Sierra de Tagjé,
» ayant été fait prifonnier à bord de la petite galère, &
» conduit à bord de l’Amiral, dont on a parlé plus haut, le
» Commandant général Anglois avoit offert d’avance de lui
» rendre la liberté, & à cet effet, l’officier Anglois le con-
» duifoit : ce jeune homme mourut de fes bleffures.
Pendant toute cette journée, le bombardement continua «
avec fureur, l’ennemi ayant augmenté de trois mortiers fes «
batteries de l’églife Saint-Jacques. L ’après-midi on dépêcha «
un Officier au camp des ennemis pour accorder une trêve, «.
afin qu’ils puffent retirer le cadavre de leur Officier qui avoit «
été tué; ce qu’ils exécutèrent; mais on laiffa beaucoup d’autres «
corps morts, & de notre côté , on en retira quelques-uns «
qui avoient été bleffés. «
Dans la matinée du 28 , 011 reçut un paquet du Com- «
mandant général Anglois , qui demandoit avec inflance la «
tête de l’officier Anglois que les Indiens avoient enlevée, «
& l’auteur de cette aélion, avec menace, fi on ne le faifoit, «
d’envoyer les têtes de tous les prifonniers qu’ils avoient en «
leur pouvoir, & fpéciaiement celles des deux Officiers qui «
avoient été faits prifonniers à bord de la petite galère: on«
fâtisfit complètement à cette demande, en nous difculpant «
d’un fait auquel nous n’avions aucune part, & dont la faute «
devoit être attribuée aux moeurs peu civilifées des Indiens, «
& principalement aux Cypayes, qui, comme on a dit, ne «
ceifèrent point Shoflilifer par leur feu continuel. Notre «
Capitaine général (l'Archevêque) monta à cheval, & fe fit «
voir au camp ennemi, pour appaifer le trouble que cette «
affaire avoit allumé; & de fait, elle n’alla pas plus loin. «
Le bombardement continua fans ceffer, & depuis cinq «
heures & demie du foir jufqu’à fept, le vaiffeau Amiral & «
un autre Vaiffeau, tirèrent fur la ville, mais avec très-peu “
d’effet, parce que les boulets qu’ils tiroient horizontalement, «
fe perdoient tous fur le rivage, & ceux auxquels ils don- “
noient un peu d’élévation, paffoient prefque tous par-deffus £
la ville, & alloient fe perdre de l’autre côté. “