uns au bout des autres ; ce qu’ils font avec une propreté g¿.
une dextérité fi grandes ,• que ces noeuds ne paroiffent point,,
quoiqu’il y en ait peut-être plus de cent .mille dans la pièce
qui fait l’habit, lis font, à mefure qu’ils mettent ces fils bout
à bout, de gros pelotons, dont ils fe fervent enfuite pour faire
la toile. Ces étoffes font l’habillement, des Naturels de cette
contrée 8c de la baie d’Antongil : les Chefs en ont d’une autre
eipèce, qu’ils tirent, de la côte de l’Ouefi ; elles font de foie du
pays, & garnies par les deux bouts d’efpèces de grande graine
d’e'pinards, qufitiennent à des franges de verroteries. Cè bel
habit, ils ne le portent pas toujours , feulement dans des jours
de fêtes & de réjouiifances ; lorfque nous allions leur faire
vifite, ils quittaient leur habit d’écorces, 8c prenoient celui
de foie pour nous recevoir avec plus de décence.
Nos fréquens. voyages à Foulpointe, font que les femmes
fe fervent peu d’autres étoffes que de celles que nous leur portons
de l’Inde ; la plus grande partie font des toiles bleues ;
avec cela, elles ont des toiles peintes ou fchittes magnifiques
8c de toute efpèce ; elles confervent toujours , avec ces belles
étoffes, la façon de s’habiller à la manière de leur pays.
Leurs maifons ou cafes font très-propres 8c très-jolies,
fur-tout à la baie d’Antôngil; elles font faites avec le balifier;
les côtes ou les queues de la feuille fervent à faire les murailles
de la maifon, 8c les feuilles à-la couvrir :. une efpèce de latte,
faite d’un bois quelconque, 8c que l’on paffe à travers ces côtes,
forme les murailles ; ces côtes font fortement ferrées les unes
contre les autres, 8c forment une efpèce de claie. .
La charpente de la maifon efl faite avec de gros piquets
plus ou moins enfoncés en terre ; les claies font attachées à
cette charpente : le toit efl formé de la même façon ; mais ib
iàilfent aux claies deflinées à être la couverture , la feuille
entière avec fa côtetout cet édifice eft allez fofide. On monte
dans la plupart de ces maifons, parce qu’on en élève ordinairement
faire d’un ou deux pieds au-deffus du fol ; cette eipèce
de plancher eft fait de fortes claies de bambou, recouvertes
de nattes; c’eft une précaution contre l’humidité 8c la fraîcheur
du fol: pour moi, je n’avois pas voulu de ce plancher mobile
à caufe de mon quart-de-cercle; 8c d’ailleurs, à la baie d’Antongil
nous étions encore dans la belle faifon, 8c fur une digue
de fable.
Une maifon eft bâtie en bien peu de temps ; on a même une
reffource en cas qu’on ne veuille pas bâtir à neuf; on va dans
un village, on y choifit parmi toutes les cafes des Noirs celle
qui plaît le mieux ; on Tachette ; enfuite, fept à huit Noirs Te
mettent à la démolir; les uns emportent les murailles, les
autres le toit, 8c en moins de deux heures, la maifon eft
remontée à l’endroit où vous voulez : on en tapîlfe l’intérieur
avec des nattes.
J’ai toujours été logé fort grandement, fort commodément
& même magnifiquement pour le pays ; 8c ces édifices ne
coûtèrent pas plus de fept livres 8c demie de poudre à canon
ali Fort - dauphin, 8c un méchant fufil de traite à Foulpointe
8c à la baie d’Antongil , eipèce de tréfor pour ces pauvres
peuples.
A r t i c l e v i n g t - t r o i s i è m e .
Suite des Moeurs des Madecajfes ; habillement des hommes
àr' des femmes ; leur caraüere.
A u Fort-dauphin, les femmes ont toutes la tête couverte
.d une infinité de treifes, de la groifeur au plus d’un tuyau
Aaaa ij