brigues, il changea de conduite, il devint ferme, & fit exécuter
les ordres ; il fubjugua bientôt cette ville rebelle. On
doit joindre à cela qu’il étoit un homme défintéreffé &
incorruptible, ; il fut l’ennemi juré des Moines & bientôt
abhorré ( voyei page i o - f ) ; mais on ne pouvoit lui reprocher
aucune injuftice, & il ne fut haï que parce qu’if
étoit intègre, qu’il faifoit le bien du R o i, qu’on ne povt-
voit lui offrir de l’or, & qu’il étoit l’ennemi des Moinesv
qui entraînoient avec eux le fuffrage de toute la ville je
tiens ces faits de gens défintéreiîes, & qui m’ont toujours
parlé avec impartialité. Que lui arriva-t-il î 11 ne fut point
airafTmé, mais fa mort ne paiîe pas à Manille pour naturelle)
il mourut en'17-59 : c’étoit un homme très-vigoureux qui
fut emporté prefque fubitement ; on l’ouvrit, & le Chirurgien
chargé de cette opération commit des indignités fur
là perfonne ; enfin je n’ofèrois affûter ni même penfer ce
qu’on m’a cependant dit,- qu’un religieux Francifcain s’étoif
vanté de l’avoir empoifbnné.
A M. Arandia fuccéda l’Archevêque de Manille, Don
Manuel Roxo; ce fut fous celui-ci que la ville fut prile
par ies Anglels; il mourut de chagrin en 1 7 6 3 . Les
Anglois remirent la ville entre les mains de Don Simon dé
Anda y Salafar, le plus ancien de l’Audience royale, & qui
avoit joui d’une grande confidération pendant la guerre ; en
contenant les provinces dans i’pbéiffance du Roi, comme
je le dirai ci-après.
La Cour d’Efpagne changeant fès anciennes difpofîtions ;
envoya dans ce temps-là un Lieutenant-de-roi à Manille,
auquel M; Anda remit le Bâton de commandement ; enfin
peu de temps après, Don Jofeph Râon fut envoyé à Manille
pour Gouverneur , & M. Anda repafîà en Europe avec le
titre de Confeilier de Caftille, que le Roi lui envoya pour
le récompenfer de Tes fervices. J’ai connu M. Anda ; c’étoit
un très-zélé ferviteur du Roi & très-défintéi efle ; il menaçoit
continueilément lès Manillois, qu’il informeroit Sa' Majeflé
de tout ce qui fe paffoit. Il s’embarqua' fur le Ben-cotifeil
e,}! 17Ô7.
Don Jofeph Raon fut un des plus fins Gouverneurs de
Manille pour s’enrichir fans faire crier perfonne; mais il ne
fit rien du tout pour le fer vice du Roi. En 17Ó8 , Manille
étoit au même point où les Anglois l’avoierit Jaiiîe en 17Ô3 ,
fans canon, fans poudre, les Troupes mal nourries & mal
payées: nous parlerons encore de ce Gouverneur dans les
articles fuivans.
La Cour fe détermina à renvoyer à Manille M. Anda ;
qui y retourna en effet: à fòri arrivée, Don Jofeph Raon
fut mis en prifbn avec ion fils & fon Secrétaire, & le
nouveau Gouverneur qui étoit venu avec le plus grand zèle,
ifit iouffrir à Raon la plus dure réfidence * ; ceux qu’il avoit
îe plus foutenus, furent les premiers à former des plaintes
contre lui , & il mourut de chagrin ; fon Secrétaire fut
condamné à être relégué en Afrique : j’ignore le relie.
M. Anda s’appliqua à rétablir l’ordre & la juflice; il fît,
.a ce qu’on m’a écrit de Manille, des recherches fur la
conduite de perfonnes qu’il m’avoit paru favorifèr de mon
temps à Manille : mais enfin, cet homme d’une fanté vigou-
reufe, & dont lè tempérament étoit fait à la fatigue & au
climat, n’a pas gouverné plus de trois à quatre ans. Les
Nouvelles publiques nous ont appris , il y a environ un an,
qu’il étoit mort en 17 7 5 ou 1 7 7 6.
* Vqye% ci/
devant, p . i
lr ijfa,