troupes autour de nous, 8c ne pouvoient fe lafter de nous
voir avaier ce poiffon ; ils paroiffoient d’un étonnement
fingulier : lorfque j’avois ouvert une huître , je i’offrois à
quelqu’un de la bande, en le preiTant de la manger; il
me refufoit conftamment, en me dilânt ratchi ( mauvais ) ;
alors je finiiîbis par l’avaler, 8c tous les autres Noirs fai-
foient, d’admiration, un grand éclat de rire.
Il pleut fouvent à l’île Marotte, quoiqu’il ne pleuve pas
à la grande terre, à l’embouchure de la rivière où l’on
s’établit ; j’ai vu arriver ce cas pluiîeurs fois : il ne plut
qu’un feul jour pendant les quinze que j’y reliai, & il y
avoit quatre mois qu’il n’avoit tant tombé d’eau ; cependant^
les deux ruiffeaux de l’île Marotte en fourniffoient très-
abondamment.
Ces ruiffeaux ne deicendent pas du haut de l’Ifïe ; ils
prennent leur iôurce aux deux tiers de la hauteur ou environ :
on les voit fortir de deifous les roches. II ne feroit donc pas
poffible d’expliquer comment une fi petite Ifie fourniroit de
l’eau dans le temps de la plus grande féchereflè , s’il ne
pleuvoit pas plus iôuvent fur cette Ifie qu’il ne pleut à la
pointe où l’on ell établi : comme cette Ifie eft le point le
plus élevé des environs, elle attire les vapeurs ; il ne le
paffoit guère de jour fans que l’on vît des brouillards Se
des nuages épais qui couvroient le fommet Sc même la
moitié de cette Ifie ; ces brouillards Sc ces nuages, qui
le dilfipoient vers les fêpt , huit à neuf heures, peuvent
fournir de l’eau aux ruiffeaux en le réfblvant en pluie : les
orages, dans.la fàifon, doivent aulfi leur en fournir.
Les Vaiflèaux qui naviguoient autrefois à la baie d’An-
tpngij, avoieijt coutume d’aller au mouillage de l’île Marotte
en la lailfant à bâbord, 8c en fortoient toujours en la lailfant
aulfi à bâbord : j’ai encore connu des Marins qui étoient
attachés à cette ancienne pratique; cependant je crois, avec
M. de Laval, qu’il vaut mieux entrer par la paiiè de i’Oueft,
c’eft-à-dire, en lailfant l’Ifie à ftribord : en voici la raifon.
La palfe de l’Eft eft communément fous le vent ; il eft par
conféquent difficile de venir jufqu’au mouillage fans être
obligé de fe touer ; avec cela, plufieurs rivières confidérables
fe déchargent de Madagafcar dans la paffe de i’Eft 8c y
occafionnent des courans : la paffe de i’O ueft, au contraire,
eft au vent; on ne rifque donc point de s’y engager, même
le foir ou la n u it, pourvu qu’on ait vu l’île Marotte Sc
qu’on l’ait bien relevée : on peut ranger à moins de deux
encablures ( deux cents tolfes ) le cap le plus O u e ft, 8c
il faudroit en ce c a s , que la nuit fût bien obfcure pour
ne pas voir fille ; on n’eft jamais obligé de fe touer,
8c il eft bien rare qu’on n’ait pas affez de vent pour aller
jufqu’au mouillage : ce cas n’arrive que dans quelques révolutions
de vents de Nord 8c de Nord-eft ; pour fortir, if
faut aller chercher la paffe de l’Oueft , par ou Ion eft
entré, en lailfant l’Ifle à bâbord, parce qu’on ne peut appareiller
que lorfque la brife du Sud eft tombée; 8c comme la
brife de terre, qui fuccède à celle-là, fouffle du Nord-oueft
au Nord-eft, il eft évident qu’on ne peut fortir que par la
paffe de l’Oueft.
A r t i c l e d i x - s e p t i è m e .
De l’utilité qu’on peut retirer de la baie d Antongil.
O n doit voir par tout ce que je viens de dire de
Madagafcarde l’utilité dent feroit la baie d’Antongil, à la