de Saint-George que j’ai beaucoup connu, commandant alors
la Marine à i’Iile-de-France ; i’Iile-de-Bourbon eût été fa
retraite s’il eut voulu abandonner le monde.-
Les terres de i’Iiîe-de-France rapportent plus de cbofes
dans un an que celles de France ; elles n’ont cependant ni
tepos 'ni engrais ; elles paroiiîent seches, arides 8c maigres
à l’excès; c’eft que les végétaux tirent prefque toute leur
nourriture de l’eau & de 1 air, 8c en effet, avec une certaine
quantité d’eau donnée & un degre de chaleur également
donné, on fera produire les fables : une preuve de ce fait, ce
font ces îlots tout de roc femés çà & ià dans fes mers de la
zone torride (Voye^Tome I , p. y ¡)¿f) couverts de tres-beaux
bois très-verds & en quantité, Scc. La terre de l’HIe-de-France
eft d’un rouge foncé & mêlée de fer ; le fabie des ravines &
des rivières eft un fable de mine, celui du bord de fa mer
èft tout calcaire, & quoique l’abbé de la Caille l’ait dit &
imprimé avant moi, jai vu, en 1770, le Gouverneur qui
s’étoit laiife perfuader par un particulier habitant de ilfle,
qu’il alloit dans peu lui voir faire avec ce fable, des criftaux
pareiis & auffi, beaux qu’an en ait en France; È y eut même
des avances de faites; au- moins je puis'affirrer que les fours
étoient commencés quandje quittai cetteiffe; c etoit uneelpece
de branche dé commerce que l’on vouloir établir pour 1 Inde.
Le manioc vient beau & bon à 1 Ifle-de-France ; ■ les plus
beaux croilfent aux Pampiemouifes & à la Montagné-longue :
il refte dix-huit mois en terre avant qui! foit en état détre
employé ; il eft alors gros comme la jambe.
■ Les maïs y réuifiiTent à merveille ; iis demandent beaucoup
d’eau & de chaleur , auffi ceft la farfoit des vents de Nord-eft
qui leur convient le mieux; les plus beaux viennent daas
Je quartier de Flacq : ce quartier, comme nous avons dit
(,article I.‘ r) , eft une efpèce de carrière de roches. Ces terreins
ne font guère propres au b lé , les habitans en ôtent les plus
petites pierres & plantent du maïs à la place : ces maïs
deviennent fuperbes, ayant huit à dix pieds de hauteur; ils
fe contentent de peu de pluie, quoique le'maïs en général
en demande beaucoup : i’abondance de la rofée-& les roches
qui empêchent la terre de fe deffécher, leur tient le pied
affez frais, |ëj§ forte que.les récoltes font affinées dans ce
quartier; les habitans de cet affreux terrent en font deux à
trois par an. Voilà leur richeifef voilà leur commerce : ils
en verfent une partie dans les ntagafins publics; avec l’autre
jls nourriffent leurs efclaves, achettent du blé,, élèvent de la
.volaille, & fur-tout des porcs & des canards dont ils font
commerce. Ils ont la commodité des eaux, parce que Flacq
eft une efpèce d’Archipel par le grand nombre , de bras de
rivières dont il eft entre-coupé. Ce quartier a cependant auffi
dans les bas, en approchant de la mer, des terreins exceilens
& propres au riz ; c’eit auffi le feui quartier qui en fournifloit
de mon temps aux magaiîns delà Compagnie. Les habitations
de l’Ifle trop à découvert, & qui n’ont point de ces roches,
ne réuffiffent point également dans ie maïs; lorfqu’ii ne vient
point de pluie à propos, les habitans font obligés de replanter
plus d’une fois; car fi ia féchereffe eft bien décidée, ie maïs
montre à peine ia tête, que i’ardeur du Soleil fe brûle &
l’étouffe. La faifon de mettre fe maïs en terre eft depuis
Octobre jufqu’en Décembre : ii y en a qui‘ plantent même
en Avril; c’eft ce qu’on appelle la petite récolte.
Le blé ne m’a pas paru réuffir parfaitement à i’Ifle-de-France;
II eft vrai qu’il elt, à cette latitude, hors de fon climat ; car.