faire pour cet effet des perches de bois, que j’étalonnaifur
ma toife de fer, après quoi je les lui renvoyai: ii prit enfuite
l’agrément du Gouverneur , & ii travailla d’après fa per-
miffion. Je le lailfai faire cette opération, après laquelle ,
munis d’un bon graphomètre à lunettes, & garni d’une
bouffole appartenante à Don Eflevan Roxas y M elo, nous
mefuramès l’angle dont nous avions befoin pour la direélion
de notre méridienne. Après les calculs &. réductions nécef-
iaires, nous trouvâmes que la diilance de la méridienne de
mon oblèrvatoire, à celle qui pafle par le milieu de la demi-
orange, media naranja ( c’ell ainfi que les Efpagnols appellent
les dômes de leurs e'glifes, lefquels, en effet, ont tous la
forme de la moitié d’une orange) / nous trouvâmes, dis-je,
que cette diilance étoit de 7 9 6 pieds à l’Oueft, & la
diilance à la perpendiculaire, de 1 1 17 pieds dont mon
Obfervatoire étoit plus au Sud; & qu’ainfi, il n’y avoit que
17 fécondés au plus à ajouter à la latitude déterminée ci-
.deiîiis, pour avoir celle du pied du maître-autel de la cathédrale
, & 12 fécondés à peine à ôter fur la longitude. Je
m arrête à cette latitude, qui ne peut pas beaucoup s’écarter
de la vérité, & qui ell plus que fuffilante pour l’ulage de la
Géographie & de la Navigation.
Ce font-ià les ièuies obfervations que j’ai faites à Manille
pour la latitude ; les fuivantes font un effai d’une méthode
que Ion trouve dans le Volume de 173 y , pour avoir la
latitude en mer par deux hauteurs du Soleil , prifes à une
heure d intervalle l’une de l’autre. Ce problème, que M. Pitot
propofe & réfout trigonométriquement, eit très-aile à pratiquer
; mais il ell de la nature de ceux qui offrent d’abord
des avantages réels, en les confidérant d’une manière générale;
& e’eft feus ce point de vue que M. Pitot s'eit contenté de
çonfidérer le fien. ILfuppofe l’Obfervateur à 4. y degrés de
latitude, fans examiner les cas particuliers, c’eil-à-dïre,
les autres polîtions où fe peut trouver l’Qhfèrvateur ; par
exemple, proche de la Ligne, le Soleil au Zénith, ou fort
près de ce point : la latitude eft difficile à oblèrver dans ce
cas, & c’elt dans de pareilles circonftances qu’on auroit plus
beioin, qu’en aucune autre , d’un problème qui donnât
exactement & fans peine la latitude ; mais le problème de
M. Pitot, loin de nous donner l’exaélitude qu’on demande
en pareil cas, s’écarte au contraire beaucoup davantage que
ne le fait la méthode ordinaire d’obferver la latitude en
mer.
J’avois navigué pendant fix ans lans avoir fait le moindre
ufage du problème de M. Pitpt, parce que j’avois toujours
regardé ce problème trop compliqué, & que je ne manquois
pas de moyens très-fûrs d’obièrver la latitude.
En 176 6 , dans mon voyage de i’Ille-de-France à Manille,
fur le vaitfeau le Bot! -confeil, deux Officiers de Marine
eflayèrent, aux environs du détroit de la Sonde, d’obièrver
la latitude en employant le problème de M. Pitot : le Soleil
paffoit pour lors à 1 y degrés environ de notre Zénith ; ils
trouvèrent des différences lî confidérables qu’ils m’en parlèrent;
en m’engageant à répéter avec eux ces oblèrvations.;
nous nous mimes donc tous les trois à oblèrver, & ayant
fait féparément les calculs néeeifaires , nous trouvâmes des
réfultats fi différens , entr’eux, & en même temps lî éloignés
du point de notre Vaiflèau, que je foupçonnai dès ce moment
d’inexaélitude le problème de M. Pitot; & en effet, ayant
réitéré plufieurs fois, la même tentative, & ayant en outre