malfaere, ie comblèrent de cadavres & de pierres entaiïeÿ
les uns fur les autres ; il eit refté dans cet état depuis la fin?
du dernier fiècle jufqu’en 176 1 , que M, de la Fontaine
eflaya de le faire vider : on y trouva quantité d’oifemens,,
des cheveux & des pierres, On avoit déjà vidé j o pieds
de ce puits lorlque j’arrivai au Fort - dauphin, & l’eau n’y
•yenoit pas encore ; l’ouvrage eft refté. là ; ce puits eft taillé
dans le ro c , & j’euffe été bien curieux de voir la profondeur
dont il peut être & la qualité de ion eau; il y a apparence
qu elle étoit bonne , à en juger par la iource d’eau douce .
que j’ai dit plus haut le trouver en allant à la baie aux
Galions, dans la vallée qui y conduit. Toutes ces eaux
yiennent néceffairement des montagnes voifines, au travers
des roches & des fables qui forment la prefqu’île du ForH
dauphin, qui étant élevée d’environ 17 toiles, ou de 100 pieds
ay-deffus du niveau de la mer, peut contenir plufieurs nappes
d’eau excellente , lans mélange d’eau de mer ; mais ce
puits, par cette raifon, ne devoit pas aller jufqu’au niveau
de la mer.
On trouve encore au Fort-dauphin, dés traces des François-
qui y ont habité dans le dernier fiècle : les limites de la
plupart des jardins fubfiftoient encore en 1 7 6 1 , diftingués
entr’eux par des talus en pierre, ou par quelques touffes de
citronniers.
On y voit les ruines d’une petite églifê f d’un colombier
& de deux autres bâtimens, moitié en pierre & moitié en
brique; le tout bâti à chaux & à fable, qui ont formé, avec
le temps, un ciment plus dur que la pierre, & qui fait aveç
elle un corps d’une foljdité étonnante.
La place où étojt le Fort, eft un carré long entouré d’uif
mur, excepté du côté de la mer où font les pierres d’attente,
ce qui prouve que ie bâtiment'n’a point été achevé.
• Le C hef de Traite s’établit toujours dans le Fort, & la
précaution eft fort bonne , car ces peuples, très-doux & très-
bons d’ailleurs, font, très-vindicatifs ; ils ibnt capables , pour
la moindre chofe , de rompre toute eipèce de bonne harmonie,
& ils fe vengent de la manière la plus cruelle: il
eft donc bon d’être avec eux fur fes gardes, car il eft bien
rare qu’on n’ait fouvent quelque petit démêlé , puifqu’il
s’agit toujours de commerce.
M. de la Fontaine avoit fait fermer le côté du Fort qui
regarde la mer, d’une double palilfade très - forte, & avoit
établi, pour la nuit, des factionnaires dans les deux angles,
La porte par où l’on entre dans le Fort eft grande &
d’ordre Tolcan; en-dedans, on voit fur cette porte des deux
côtés, dans i’architrave, les noms de M.rs Caron & de
Flacourt, Direéteurs en i 6 6 j , avec des armes au-deflùs
Ides noms.
Cet ouvrage fuhlifte encore en entier, & les inlcriptions
font gravées fur une couche de maftic qui eft d’une dureté
étonnante, quoiqu’à le voir il pareille fraîchement appliqué;
Les.murs, qui ont plus de deux pieds d’épailîeur, font
très-entiers & revêtus d’un pareil maftic; il eft certain que
tout Madagafcar alfemblé, feroit incapable de rerivêrfer ces
murs. Notre porte étoit gardée par un canon, placé en-
dedans , de fix livres de balles,- & entre deux forts pierriers ;
le tout continuellement chargé à mitrailles & enfilant la
campagne : il n entroit aucun Noir armé dans ie Fort ; iis
iailîbient tous, hormis quelques Chefs f leur fagaye à la