femmes riches en ont un autour de leurs cheveux , un au cou
& portent l’autre à la main : ces mouchoirs font fou vent le fujet
des Sermons des Prédicateurs. La ehemife des hommes eft
faite comme les nôtres, avec cette différence qu’elle a le
collet beaucoup plus large, avec des oeillets des deux côtés,
& ils attachent ce collet avec deux à trois boutons d’or.
La ehemife des femmes ne defeend pas fi bas que celle des
hommes, elle eft également flottante ; avec cela elle eft ouverte
par en haut & très-décolletée, à peine cache-t-elle la moitié
du fein; elles ont des poignets comme les hommes, qu’elles
attachent aufli avec des boutons.
Pour le relie du corps, les femmes ufent d’une elpèce
de couverture d’égale largeur, dans laquelle elles s’enveloppent
& elles l’affujettiffent, en faifant paffer un des bouts
dans la ceinture; cette couverture le nomme tapis. Le tapis
eft de rigueur chez les Indiennes de cet Archipel ; il eft
ordinairement de fo ie , il ne defeend qu’à mi-jambe, ou au-
deffous du gras de jambe ou mollet.
J’ai dit que le tapis eft de rigueur; en effet, on voit de
ces femmes qui ont des jupes de toile de l’Inde, pliffées à
peu-près comme celles de nos femmes, mais elles ne fortent
jamais fins mettre le tapis par-deffus : le fond de la couleur
du tapis eft un brun-marron quelquefois u n i, quelquefois
rayé de rouge par petites raies, quelquefois traverfé dans fi
largeur par de larges bandes rouges & même brodées.
Elles portent, arvec tout cet ajufté, une elpèce de manteau
fait en forme de ceuxd’Efpagne, avec lequel elles fe couvrent
tout le corps depuis la tête jufqu’aux pieds; outre cela, elles
ont le cou, la poitrine, les poignets & les doigts garnis de
bijoux d’or ; & il faut qu’il règne bien de la pauvreté chez
d a n s l e s M e r s d e j. ’I n d e . i 4 7
elles pour ne pas en avoir; quand elles fortent, elles prennent
des pantoufles très - propres, brodées en or ou en argent:
je ne fais comment elles peuvent s’en fervir, car elles font
on ne peut pas plus étroites & plus courtes ; elles font en
effet faites de façon qu’il ne puiffe entrer dedans que les
quatre principaux doigts du pied, le petit doigt eft toujours
dehors ; & elles font fr courtes que ces femmes ont la moitié
& plus du talon dehors, ou qui ne porte point ; elles ont
un très-grand clou , ou plutôt une très-grande & greffe
épingle d’or ou d’argent fort proprement travaillée, dont
elles ornent le noeud qu’elles font de leurs cheveux. I l eft
certain ( dit ici l’Auteur de l’Hiftoire des Francifcains ) que
les Indiennes ont fort bonne grâce avec un tel ajufte', & il n eft
pas poftible, continue-t-il, dimaginer pour des femmes un
habillement plus honnête. Pour moi, j’oferai n’être pas tout-à-
fait de fon avis; cet habillement eft peut-être un des plus
déshonnêtes que l’on puiffe imaginer, & plus fait pour
inlpirer la volupté dans un climat qui y porte déjà affez
par la chaleur dont il eft ; & en cela, cet habillement m’a
paru l’emporter de beaucoup for celui des Bayadères de
l’Inde ; il eft vrai que dans l’églife il eft on ne peut pas plus
modefte ; parce que les femmes y font toujours ou à genoux
ou aflifes par terre, les jambes pliées fous elles, & qu’elles
fe couvrent tout-à-fait avec leur manteau, & c’eft fins doute
en cela que le P. Francifcain, dont je parle, le trouve honnête
& décent ; mais hors l’églife , elles n’ont point de,
manteau, câr en fortant de ce lieu elles l’ôtent, le plient &
le portent fous le bras" ; pour fe faire donc une idée de
cet habillement hors de l’églife, il faut fe figurer une Métice
très-jolie & très-bien faite, puifqu’elles le fontprefque toutes*
T i j