Ljgne dans les premiers jours d’Ayril, nous y trouverions, conformément
aux principes du doileur Halley, la mouflon de l’Oueft
à la faveur de laquelle je cotnptois encore voir la côte de Malabar
avant la fin du même mois , mais il ièmble que la mouflon de ï fil ait
pherché à npus perfécuter en ne nous quittant point; qar nous ne
trouyanifs fa mouflon de l’O tieit que vers la mi-Maf cinq femaines
au moins plças tard que je ng m étois flatté.
De la vue du nord de Madagafcar, on fit valoir la roufe le Nord,
Sc nous arrivame§ le t." Ayril à 7 degrés ,fle latitude méridionale.
Ep ce tnomgqt, uous tombâmes dans l'empire des calmes, fi l’ex-
preflipn gft permifç, ^ Iprfque «pus avions du yent il étoit de b
partie de i’gft, & fi foible qu’à peine la frégate préfentoit en rpyte.
Nous bataillâmes donc pendant près de fix femaines çontre la
mouflon de !’Eft> les ÿp»M prefque toujours, à (tribord ; en Ibyte
qu’avep ces açiures la mouflon isîuis meua jufqu à ( entrée du golfe
Arabique , elpérant toujours ia mouflon de l’Oueft qui ne paroifloil
point, étant continuellement le jouet des calmes & de? petits temps
contraires.
Le 29, le 30 & le 3 i Mars, après avoir perdu Madagafcar
de vue, nous trouvâmes quantité de lit? de maree, comme ciilcist
les marins. C ’étoient de grandes zones ou étendues fyr la furface
de la mer où elle étoit agitée, clapoteufe & battue comme on ia
voit fubitement devenir, lorfque pendant un calme il furyient quelque
grain. La première de ces zones que nous vîmes, n avoit
guère moins d’un grand quart de lieue de largeur ; mais je n’en
pouvois pas voir les deux extrémités: de celle-ci nous paflânres
dans une féconde beaucoup plus étendue que la première, ayant
comme elle fa direftion du Nord-eft au Sud-oueft ; hors de ces
bandes ou zones agitées, la mer étoit tranquille & calme.
Les marins prétendent que ces zones font des courans qui tranf-
portent les Vaiflèaux comme feroit une rivière.
Ces zones ne (èroient-elles point plutôt l’effet de hauts fonds,
de bancs, de montagnes à pic qui le. trouvent dans ces parages y
& qui de concert avec les îles voifines, dont nous paiTames fort
près, refferroient & agitofènt les eaux de la mer, G ’eft ainfi que
Vous favez que fa mer eli toujours houieufe & clapoteufe fur le
banc des Aiguilles.
Le 16 Avril, félon notre eftime, & en fe fervant de la carte
à grand point de M. Daprès, nous étions entrés à midi dans les
terrés de la côte d’Afrique ; cependant nous ne vimes encore aucune
apparence de terre au coucher du Soleil; cela ne nous empêcha
pas de courir toute la nuit notre même bordée, quoiqu’il fit un
bon vent frais de Nord-eft, & que nous euffions une groflè lame
de l’Eft qui nous portât à terre, mais il faifoit très-beau clair
de Lune qui devoit être pleine le 18.
Le 17 an matin, nous eûmes enfin connoifîànee de la côte d’A jan,
à 8 degrés de latitude feptentrionafe ; je "reconnus»une grande baie
forr ouverte, terminée au Sud par un grand cap qui paroît avancer
beaucoup au large; cette baie eli la baie des Nègres de la carte
de Guillaume de l’Ifle. M. Daprès l’a marquée for fa carte. Nous
n’ert approchâmes qu’à neuf à dix lieues ; nous virâmes de bord
à neuf heures du matin.
If y avoit deux jours que j’avois commencé à obièrver la Lune
pour en conclure* fa longitude du V aiflëau ; je fis encore la même1
chofe ce jour-là même, & je continuai de temps en temps jufqu’au
iq . Je vous envoie ces Ofilèrvations à la faite de ce JoHmali
Nous, reprimes bientôt les amures à ftribord, nous1 cherchions1
à nous élever dans le Nord-, comptant y trouver des vents dé
Nofd-oueft & d’Oueft, qui nous fèroient gagner dans PEU.
Le 19 & le 20 , je crus bien être à fa- veille de la révolution
de la- mouffon de l’Oüeft; les vents paftèrent au Sud-oueft ; il lê
forma-dès grains dé1 ce côté ; nous en efiuyames plufieurs le %v,
mais ils ne donnèrent, à bien- dire, ni pltaie ni vent; il- tonna &
H éclaira, là révolution, le borna là ; les vents remontèrent au Nord1-
oueft, au Nord & au Nord-eft, ce qui fut accompagné d’une groflè
laine qui- venoit auflî du Nord', & qui, en nous tncommodànt,
Bous annonçoit une reprife .de là mouflon de l’Eft.
Le 28 Avril au matin-, nous vîmes la terre ; nous avions voulu
y y y y n