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Tagolog, qui eil le même que Tagay-log, qui veut dire, en
Malays, ceux qui vivent fur les bords des rivières & dans les
environs ; c ’efl ainfi, comme je l’ai déjà remarqué page 2.4.,
que Mindanao veut dire homme de lagune. Une chofe
appuie ce fentiment; i.° l’idiome des Tagalos, peu diffèrent
de celui des véritables Malays; z .u la couleur des uns
& des autres, les traits de leur vifage, la forme du corps,
& enfin la façon de fe vêtir, les coutumes & ufages, le
tout conforme aux Malays, dont les Tagalos fe difent
defcendre.
On ne peut pas trouver hors de vraifemblance que les
Malays foient allés à l’Archipel des Philippines ; on a beaucoup
d’exemples de peuples jetés par la force des vents &
de la mer, fur des côtes qui leur étaient inconnues. En
1 7 2 5 , pareille aventure arriva le long de la côte de Valer
& de Caftguram; il y aborda en effet une embarcation toute
délabrée, dans laquelle étoient vingt & quelques hommes
tout nus, & dont on ne put connoître le langage ni le
vêtement: mais il eil très - vraifemblabie que les Malays,
guidés par l’appât du gain, font allés commercer aux Philippines
, pays riche & fertile au poffible.
Les Pampangos, voifins des Tagalos, & qui habitent la
province au nord de Manille, avouent la même origine.
Les Bifayas & les Pintados, que l’on a trouvés à Camarinés,
a Leyte, Panay & Zebu, ont la même origine que les peuples
de Macaffar, qui fe peignent le vifage & le corps à la façon
des Bifayas des Philippines; mais les Maniliois difent qu’on
ne fait rien de certain fin* 1 origine des uns & des autres,
quon a feulement connoifîànce d’une relation que fit le
premier Pilote, Pedro-Fernandès de Quiros, du voyage aux
P A N S LES M e r s d e l ’I n d e .
dés de Salomon, & de la découverte qu’en fit Alvaro de
Mendana de Neyra l’année 1 jp j : cette relation a été écrite
par le Doéleür Antonio de Morga, Lieutenant général de
SaMajeflé aux îles Philippines» Selon cette relation, Quiros,
dit « que fè trouvant à 1 o degrés de latitude méridionale, il
vit une Ifle, à laquelle le Général Don Alvaro donna le nom «
d’île de la Magdelaine, & qu’il fortit du port de cette Ille «
environ foixante bâtimens, qui vinrent au-devant du Générai «
pour le recevoir, qu’il y avoit dans ces bâtimens plus de «
quatre cents Indiens blancs, bien faits, grands & membrus, «
& fi bien pris dans leur taille qu’ils avoient un grand avan- «
tage de ce côté fur les Efpagnols, ils avoient les dents belles, «
la bouche, les pieds, les mains encore plus beaux, les cheveux «
déliés & la plus grande partie les avoient blonds; il y avoit «
entr’eux de très-beaux jeunes garçons , abfôlument nus comme «
la main, fans avoir la moindre partie du corps couverte, mais à «
la place ils l’avoient tout peint en forme de deffins, de même «
les jambes, les cuiifes, les bras, les mains & même le vifage, «
de la façon dont fe peignent les Bifayas, que pour cet effet «
nous nommons Bifayas Pintados. »
Le Capitaine Cook a paffé par l’archipel de Quiros ;
& félon la relation, cette Ifle peut être appelée la Cythere de
ces mers.
A r t i c l e n e u v i è m e .
D u génie des Habit ans des Philippines, èr des châtimens
Jînguliers que les Religieux infligent aux femmes qui
naffifletit pas à la Meffe les jours de précepte.
C e t article eft le quarantième chapitré de l’Hifloire du
Religieux Francilcain, duquel j-’ai extrait une partie de mes
H i j