tempérament très-délicat, auffi on ne les eftime point à flfle-
de-France, parce qu’ils ne font pas capables de fiipporter
de rudes travaux, comme feroient les autres Nègres ou Tes
Caffres; cependant, ils font beaucoup plus fpirituels & plus
adroits que les Caffres fur-tout ; ceux-ci forment des malfes
de chair fort lourdes, dont la force de l’organifation eft par
conlequent infiniment moindre. Ces Noirs , du milieu de
Madagaïcar, fe nomment Oves dans le pays ; ce qu’il y a
'de remarquable, eft que les Oves ont une eipèce de refièm-
blance avec les Egyptiens & les Chinois, dans l’air & les
traits du vifage-
Du temps de M. de Flacourt, il y a cent trente à cent
quarante ans, on trouvoit auiîf deux efpèces d’hommes dans
ce pays : dans cette province ( de Carcanoffi ) dit Flacourt ,
il y a vieux fortes de genre d ’hommes, favoir, les Blancs Pj
les Noirs ( ehap. x v i , p. 4.7' & fui vantés )v
Ces Blancs fe divifoient, félon notre Auteur, en trois
caftes,- en Rohandrians ( Rohandri-an- lignifie Prince, Seigneur
) , qui étoient les Grands & les- maîtres du pays; les
Anacatidrians, qui. leur étoient fournis (Atiacandrian, fignifie
bâtard d'un Prince ou d’un Seigneur)■, Si enfin les Ondiatf;
ceux-ci formoient une cafte plus vile & plus baffe, étant
defeendus, dit Flacourt, des Matelots qui avoient amené à
cette terre les ancêtres des Rohandrians. ;
Les hommes de cette troifième cafte avoient la peau
rouge auffi, dit Flacourt, & les cheveux longs comme les
Rohandrians & les Anacatidrians.
Flacourt rapporte (pages- y 0 & fuivantes-) l’origine de
ces Rohandrians ; quelques-uns les fàifoient defcendre de
la mere de Mahomet, & d’autres de Ramini-, eipèce de
prophète contemporain de Mahomet : quoi qu il en foit de
l’origine de ces Blancs , ou plutôt de ces Rouges, il paroît
que c’ctoient des Arabes ; car les Anacandrians fe nom-
moient encore Ontampaffemaca, c’eft-à-dire, félon Flacourt,
hommes des fables de la Mecque, d’où ils fè difôient venus
avec les Rohandrians : ceux - ci étoient en quelque forte
abfolus au Fort-dauphin, & dominoient fur les Nègres qui
étoient les maîtres des villages ; ils avoient établi leur pouvoir
jufqu’aux Matatanes , & Flacourt parle de mafîàcres
que d’autres Blancs venus auffi de la Mecque, ou des' fables
de la mer Rouge, firent de ces Rohandrians, & dont ils ne
confervèrent que les enfans & les femmes, à qui iis donnèrent
des îles & des prairies à cultiver.
Flacourt parle comme témoin oculaire de cette cafte'
d’Arabes, qui s’étoit défaite, il n’y avoit alors que vingt-
cinq à trente ans, de ces Rohandrians établis aux Matatanes,
& qui avoient trop voulu les maîtrifèr.
Ces Arabes avoient été envoyés à Madagafcar dans de
grands canots, à ce qu’ils dirent à Flacourt, par le Calife
de la Mecque, pour inftruire ces peuples ; ils y étoient
depuis cent cinquante ans feulement : le C hef de cette
caravane fè maria à la fille d’un Grand de Matatane, nègre;
la race qui en fortit avoit beaucoup multiplié du temps de
Flacourt ; elle enfeignoit à lire l’écriture Arabe , & tenoit
des écoles dans tous les villages, où les enfans mâles alloient
pour apprendre. Ils étoient plus bafanés que les Rohandrians ;
aujourd’hui encore, les Matatanes ont chez eux des écoles,
publiques où l’on enfeigne à lire & à écrire l’Arabe.
Aéluellement il n’y a plus ni Rohandrians au Fort-dauphin,,
ni Anacandrians ; c’eft-à-dire, que cette eipèce d’homme?