y a plus d’eau , & Iorfque la pirogue relie deflùs la barre,
iis fe mettent à l’eau pour la tirer ; la mer leur aide, après
quoi ils fe remettent dans leur pirogue.
Cette belle rivière eft remplie de poiffon & couverte
de canards, cercelles, d’aigrettes, &c. J’en ai beaucoup
mangé, ainfi que des pintades & des faifans; nous ne fàifions
pas un repas fans avoir quelque pièce excellente de ce
gibier.
Comme il n’eft point habitué qu’on lui donne ordinairement
la chaflê, ce gibier le laiflè très-ailèment approcher;
il ne faut point d’adrelfe pour le tuer : la chafte fe fait en
pirogues. Lorfqu’on rencontre-un groupe de canards , on
s’en met à portée en pagayant légèrement, puis on lâche
deffits un coup de fu fd , & il en refte toujours allez fur
l ’eau.
En remontant cette rivière, on en trouve une autre iur
fa rive gauche, à une lieue de fori embouchure, qui mène
à un village confidérable, qui n’eft qu’à une lieue du bord
de la mer: cette rivière, que les Naturels nomment Ranou-
foutfhi ( eau blanche ) , eft des plus charmantes, & fait la
promenade la plus agréable en pirogue ; elle eft profonde
& n’eft point embarralîee de bancs comme eft la grande :
fa largeur eft inégale, quoiqu’elle n’ait pas moins de cent
pas en beaucoup d’endroits. On peut chalfer fort à fon aife
fur cette charmante rivière ; on palfe fouvent à moins d’une
portée de fufd des canards & des cerceHes.
Un oifeau que je crois une elpèce de moineau, fréquente
beaucoup les bords de ces deux rivières & y fait fon nid;
jen ai trouve quantité, & leur forme m a paru trop lingulière
pour ne pas ta décrire ici : j en donne en même temps la figure
fur
fiir un deffin que m’en fit fort heureulement un Officier de
M. de Laval qui iàvoit defliner ; car les nids que j’avois
apportés avec moi à l’Ille-de-France , .ont fubi le fort de
toutes mes autres pièces d’Hiftoire naturelle.
Ces nids ont à peu-près la forme d’un piftolet, c’eft-à-dire,
q u ’ i l s forment vers le fond un coude confidérable, dont l’angle
m’a paru de 60, à 70 degrés ; ils ont par le bout deux à
trois pouces de diamètre, & de-là jufqu’au coude, un pied
plus-ou moins de longueur; ils font faits d’herbes sèches fort
longues, & très-artiftement entrelacées les unes avec les autres;
la demeure de i’oifeau eft dans le fond : ces nids ne font
point entre des branches d’arbres, mais ils font fufperçdus au
bout d’une branche légère à une liane ou a un rofeau, ou ils
font attachés de façon que le bout par où entre i’oifeau eft en
bas & regarde la terre ou l’eau : i’architeéle, pour attacher
ainii fon édifice, emploie des herbes pareilles à celles dont
il le conftruit; il fe fert des plus longues qu’il peut trouver;
elles font paffées & entrelacées autour du nid, vers l’endroit
où il habite, en-dehors & près du coude ; 1 autre bout de
ces herbes tient à la branche d’ârbre, lefquelles font entrelacées
de même.
Tout cet ouvrage eft très-folide; le vent ne le fatigue
point, comme s’il étoit entre des branches fourchues, &
les hôtes ont davantage d’être légèrement balancés, & d’être
à couvert des grandes & copieufes pluies qui régnent longtemps
de finie dans ce brûlant climat : cet oifeau commence
nécelfairement fon nid par la ligature qui le tient aux branches
des arbres ou aux rolëaux.
Dans un de ces nids, je trouvai trois petits qui étoient
bientôt en état de quitter la demeure paternelle; ils avoient,
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