*
tldtjfus, y. i y»
entraîné dans- la baie de Manille ce poiflbm mort, & les vents
d’Oueft & de Nord-oueft qui foufftèrent. pendant pfefteurs
jours, Sauront ehaffè fur la grève1; cette explication eft
confirmée par le propre texte de l’hiftorien Eipagnol des
Phüippises, qui dit, que les eaux de cette lagune'fontfi chaudes
qriaucun poiffon ri y peut vivre *.
La rivière de Manille & fes différons bras ne font guère Moins
amufans que la baie. C ’eft tin vrai piaifir que de s’y promener;
Orr les voit couverts de pirogues grandes Sê petites, & da
éhampans de tous les peuples des environs, qui viennent
apporter leurs denrées à Maniiie & à fes faubourgs : les
rem-mes aident aux hommes à conduire’ les pirogues ; quand
la marée eft baffe & qu’il y a pèù d’eau dans tes rivières,
elles fe mettent à l’eau comme les hommes, & pouffent de
èoneert avec eux la pirogue fur le fable ; elles ont fouvent de
f eau jufqnaux genoux, quelquefois-plus haut; elle» rettoirffewi
leur pagne pour ne pas la mouiller : ceux qui n’ont point d*
pirogues font un train ou une eipèee de radeau avec des
bambous, s’y conftruifênt une paillote, viennent à Manille
dans cet équipage vendre des fruits, bananes, légumes.
On peut dire que ces peuples vivent dans- l'eau, lent
tempérament y eft fi fait, que ce font comme autant de
poiffons dont fexiftence dépend' de cet élément; ils fe
baignent dans toute forte de fôifons, dans toute forte de
temps, & à toute forte d’âge ; les- vieillards de quatre-vingts
ans ne gardent pas plus de mefore en celai que des jeunes
gens de quinze à vingt ans. H- eft certain que les vents de
Nord- à Manille font froids pour le climat, comme je le ferai
voir dams un article à pari; malgré cela- les Indiens fe mettent
dans i’ean pendant cette faifon- comme pendant la- bonne ;
an Européen, que le vent de Nord affeéte ordinairement,
pourroit tomber dangereufement malade & perdroit pait-être
fa vie s’il fe baignoit pendant que ce vent règne; anffi les
Efpagnols ehoiÎFffent les chaleurs pour fe baigner : toutes les
faifons îfont égales à l’Indien.
C e continuel exercice- dans l’eau, joint à la nourriture-
dont uferrt ces Indiens ; nourriture qui n’eft que de riz &
du poiffon, contribue fans doute à ht grande fécondité des
femmes.
A r t i c l e t r o i s i è m e .
D étails fu r ie s Moeurs, Coutumes ¿ r Ufages de Manille.
L és Efpagnols qui font à Manille fe diftinguent pat les
différentes provinces dEfpagne dont ils fortent; ils s’étayent
tous les uns des autres. Les Bifcayens, pat exemple, fe fou-
iSénnent réciproquement ; les Montagnards de même, ainfi
font les Galiciens- & les Andatoufiens ; cela- forme comme
différens Corps- qui font continuellement en- guerre les uns
contre les autres, fe nuüàat, fe déchirant & fe déti'üifan*
même les uns les autres autant qu’il ell en leur pouvoir : s’il
fe trouve1 quelqu’un qui foit (ont feul de fon canton', il
¡t'appuyé tantôt d’un parti, tantôt de l’autre, félonies circonfo
lances ; d’où il arri-ve qu’il u?y a guère d’union- à Manille
qa-’entre les habitans du- même heu-: iorfqn’il arrive en cette
ville quelqu’un d'Eipagne, i l eft affiné d'être accueilli pi»
ceux de fa province, iis le pouffent & lui facilitent le chemin
«fe la- fortune, en faidaitt julqu’à ce qu’il foit en état- de fe
paffer de feeours; e’eft une-vérité à-laquelle je luis forcé de
rendre juftice, & que je n’aiebfervée que chez les Eipagnol*
ùManiiie.