Nous pafïàmes huit jours dans les plus grandes inquie'tudes.
M. de Cafeins , fur l’avis de nos deux Pilotes, fit enfin le plus de
voiles qu’il étoit poffible ; mais malgré nous & nos manoeuvres,
le mauvais temps nous approchoit toujours de la côte : ce n’étoient
qu’orages, éclairs, tonnerres & vents impétueux. Le 7, tous les
points du Vaifleau étôient rendus à ferre ; l’inquiétude redoubla,
lorfqu’après plufieurs beaux éclaircis qu’on eut dans l’après-midi,
& pendant leiquels on fut fort attentif à chercher inutilement la
terre , on vit au contraire venir fondre fur nous un grain très-
violent qui battoit en côte. M. de Cafeins qui appréhendoit une
reprife de mauvais temps ; ne crut mieux faire que de s’adrefler à
Notre-Dame-de-Cavité ( d ) ; il nous propofa d’aller à notre arrivée
communier h Notre-Dame-de-Cavité : cette bonne oeuvre devoit
■être accompagnée d’une honnête aumône ( e) , qui devoit être
Temife au Padré pour oeuvres pies; , ,
Le 8 Août fut moins mauvais que ne l’avoient été les;jours
précédens ; l’après-midi permit dé voir l’île aux Chèvres ;' mais
nous n’étions pas encore échappés, car nous ne pûmes pas nous
engager dans l’entrée de la Baie avec le peu de jour qui nous
reftoit; il fallut donc faire en forte de s’entretenir pendant la nuit,
& de proportionner les bords de fiçon que nous puflîons nous
trouver le matin au jour, à quatre à cinq lieues au Nord de l’île
aux Chèvres.
Le temps ne devint véritablement traitable qu’après minuit : le
matin il faifoit très-beau temps; la mer étôit tombée, & le, vent
fouffloit du Sud , joli frais. Nous entrâmes enfin dans-la Baie,
& mouillâmes à cinq heures & demie à Cavité , après trois mois
de navigation affez pénible , pendant laquelle nous ne fûmes pas
favorifés à beaucoup près.
( d) Ç’eft une Vierge à laquelle les marins Efpagnols de ces mers ont grande
confiance.
( e ) Les Officiers donnèrent chacun une piaftre, ce qui fournit trente piaftres au
Curé ( 1 5 7 liv. 10 f. ) : M. de Cafeins ne voulut pas permettre qu’il m’en coûtât ; »
donna auffi quelques piaftres pour l’Équipage,
Je finis, Monfieur, par la Table fuivante que je vous envoie,
que vous pourrez comparer avec celle qué vous avez pour les
mers d’Europe ; car j’ai obfervé dans les unes & les autres avec le
même thermomètre.
( ’
T A B L E des Degrés du Thermomètre, obfervé depuis notre rentrée
dans la Zone torride jufqu’à notre arrivée à Alanille.
J O U R S
du
M o i s .
T H E R M O
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)M Ê T R E .
LA TITUDES
D I S T A N C .
du
S O L E I L
Matin. Soir. au Zénith. ;
Degr/s. Degr/s. Vrgrf Deg. Min. t
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2 4 18 1 20 . ' 21 i A4- 37
m 20. 20 i . *9 1 W 7
46 2 1 1 2 * i *7 1 4 r . 18
2 7 2 » ' 1 2 2 i 16 . " 39- 2 6 ï
28 2 1 : i 22 i ’ 4 ï 3 7 - 34 .
2 9 ¿ 2 . 12 | 35 - 55 !
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Juillet. 1 23 i 9 i 3 2 . 23
X L A v y £ D E T E R t E. '
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3 2 J . î 24 c i '• 8. . 3 3
4 2 2 . 4 24 i 8. 3° . 4 9 ;
5 2 3 ï ' 2 5- ■ 7 i 3 9 . 2 4
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■ 7 2 4 v ! 2 4 2 7 - 2-9 - 34
DIÉ T R O I T D L A S O N D E.
8 2 3 1 27 - 6 i 2 9 . O
9 2 3 i 2 6 .
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