par comparaifon f ce feul arbre de cacao étoit chez Madame
lé Juge dans ion habitation du Piton, à l’entrée d’un bois,
car il faut de l’abri au cacaoier : à Manille, on le plante
à fix pieds de diftance l’un de l’autre , & entre deux on
plante un bananier, qui eft par ce moyen à trois pieds des
cacaoiers : iorfque l’on juge que les cacaoiers font affez
grands pour fe paffer d’un abri étranger, & qu’ils peuvent
eux-mémes s’en lèrvir réciproquement, on arrache les bananiers,
car le bananier appauvrit confidérablement la terre.
Lorlque je quittai l’Iile-de-France, en 1766, le cacaoier
de Madame le Juge étoit déjà affez beau ; je le perdis donc
de vue pendant quatre ans : à mon retour , en 1 7 7 0 , après
avoir vu le cacaoier aux Philippines, je ne fus point fatisfait
de celui de i’Iile-de-France, ni des progrès qu’il fit pendant
mon abfence; avec cela, quoiqu’il fût d’une très-petite taille
en comparaifon de ceux que j’avois vus à Manille, je crus auffi
lui remarquer un air de vieilleffe qui annonçoit la caducité :
il eft vrai qu’il avoit déjà porté quelques cônes ou fruits affez
beaux, mais ils n’ont jamais pu mûrir parfaitement ; on y en
yoyoit encore en 1770, mais il n’y avoit pas d’apparence
qu’ils mûriffent, & ce font ces fruits que je vis, qui achevèrent
de me confirmer que cet arbre approchoit, quoique
petit, de là vieilleffe, & qu’il ne réufliroit pas à i’Iile-de-France;
fà nature & celle du jaca font telles qu’ils pouffent l’un &
' l ’autre leurs fruits, non au bout des branches, mais tout le
long des plus groffes ; il en fort auffi de leur tronc & de leurs
racines; cette dernière opération de la Nature dans ces arbres
annonce en quelque forte leur vieilleffe, car ils commencent
toujours à en donner par les groffes branches, puis par le
tronc & enfin par les racines ; plus ils avancent en âge,, plus
auffi les fruits fortent près de leur pied ; en forte que quand
on en voit aux racines, c’eft une preuve évidente de vieilleiîê
dans ces arbres : c’eft ce qui rrt’à fait juger que le cacaoier de.
l’Hle-de-France, le feul que j’y ai laiffé, étoit vieux ; car je vis .
en 177 ° , des fruits fortir de iès racines. Tant d’exemples que
je rapporte parmi un grand nombre d’autres que je fupprime
pour abréger, m’ont fait affez Voir que lé climat & le terrent
de i’Ifle-de-France ne font pas propres aux productions de
l’Inde ; & qu’on aurait par conféquent tort d’exiger que
la mufcade fruélifiât dans cette Ifie comme elle fait aux
Moiuques, & c .