V o y a g e
le fien, elles font très-mal-iàines ; c’eft un terrein noyé, 8c
par conféqüent peu favorable à la fanté : les peuples y vivent
dans des marais, qui à la vérité font leur meilleure défenfe
contre les armes elpagnokss ; mais auiîi pendant fix mois de
1 année ils font continuellement en guerre contre l’inclémence
de l’air, & ils ont une peine infinie à fe défendre contre
les maladies ; ils ont une plaie, difont les. Eipagnols, qui ne
Je cede guere a celles dÉgypte, ce font les moufliques,
-Occafionnés par 1 humidittf du lieu 8c par les marais ; ces
cruels animaux perfecutent les hommes nuit & jour , de
façon que leurs vetemens, qui font très-légers, eu égard aux
chaleurs, ne peuvent les garantir en aucune façon ; on m’a
allure qu en s attachant a un porc, ils lui ont lucé en un jour
tant de làng, malgré la grande quantité de foie dont la
peau de cet animal eft garnie, qu’ils l’ont fait périr, & le
P. Çombés dit,, qu’un foldat auquel on fit fobir, à Sambouangam,
un châtiment û extraordinaire , pour quelques
Ci fines réitérés, ne put le lùpporter une heure laits que tout
fon corps fe trouvât, en fi peu de temps, tout couvert de
pullules & d enflures fi continues, qu’il faifoit un lpeélacle
digne de eompaflion.
Ceft ainfi quà des diftances fi éloignées de la Capitale,
les hommes fe jouent quelquefois des loix & inventent des
crimes ; car ç en eft un que de faire fubir à un criminel
un châtiment arbitraire, & par conféqùent contraire à l’ulâge
à la coutume des Loix.
L.ile de Mindanao eft très-arrofée, à peine paflè-t-on une
pointe que l’on trouve un ruiffeau ou une fontaine; elle
renfertne plus de vingt rivières confidérables & navigables,
& un nombreprodigieux-d’autres petites rivières ou ruiffeaux,
d a n s l e s M e r s d e l ' I n d e . 7 9
car on prétend qu’ils paffent peut-être trois cents. La terre,
en s’éloignant de la côte, eft montueufe prefque par-tout,
en forte que les rivières y font des détours fans -fin &
inondent prefque toutes les terres. Il y a deux principales-
iàgunes ( voyez ci-devant, page 2 j ) .
Les rivières de Mindanao font abondantes en poiiîbn ; la'
terre y eft très-fertile, fournit beaucoup de riz & toutes
fortes déracinés, comme patates, & c *C e ft a Mindanao, .fo
long de la côte de Caraga, que l’on amaffe 1 e fagou, nourriture
générale des îles Moluques.
Le durion eft fort commun à Mindanao:
La canelle eft naturelle à Mindanao, & y eft très-abondante;
mais quoiqu’elle paroilfe avoir, étant fraîche, autant
de piquant que celle de Ceyian, en peu de temps elle perd
beaucoup de là force, & au bout de deux à trois ans elle
n’a plus (fe goût, de l’aveu des Eipagnols même de Manille:
La vigne n’y vient qu’en treille, & ne fouffie aucune autre
elpèce de culture.
Il n’y a point- de mines connues à Mindanao, quoique
les rivières y charient de l’or ( voyez ci-devant, page 3 2 ; &
au fujet des volcans de cette Ifle, page 20 j .
II n’y a point de falpêtre dans cette Ifle, non-plus que dans
fes autres Ifles de cet Archipel ; mais il femble, difent les
auteurs Eipagnols, que la Nature y- a; pourvu d’une autre
manière, & voici comment s
On trouve, iùr-tout à Mindanao, quantité de grottes &
de cavernes qui fervent de retraites aux chauves-fouris ; l’elpèce*
dont il eft ici queftion, eft plus groife qu’une poule ; elle elfe
très-connue des Naturaliftes, & très-commune à Madagafcar'
& dans nos îles de France & de Bourbon ;, c’eft une elpèce