du Japon, ni détailler les fujets de mécontentement que lui
donnèrent íes ùdiffionnaires ; mais je dirai que ces mécon-
tentemens furent tels que cet Empereur s’en reifentoit encore
quelques années après cet événement; en effet, le Gouverneur
qui prit le commandement de Manille en 1 6 1 8 , envoya au
Japon une ambaffade avec des préfens, pour folliciter l’amitié
de 1 Empereur ; il refolà ces préfens, ne voulut jamais^ les
accepter , ni entendre parler d’aucune aftiitié.
Cependant Manille s’élevoit de plus en plus. II y vint en
162.6, Don Juan de Tavora, Colonel d’infanterie, & du
Confeil de guerre de Sa Majefté Catholique,: ce Tavora,
grand Capitaine, fut reçu à Manille avec les plus grands
applaudiflèmens, parce qu’il amenoit avec lui de très-grands
fecours en troupes &. en argent; les Hollandois furent, fous
fon Gouvernement, fi fort battus, qu’i ls . n’osèrent plus
paraître dans la baie; on leur enleva auffi un pofte important
dans 1 île Formolè, où ils furent battus à plate-couture.
Les Maures ou Indiens de Mindanao & Jolo n’osèrent
plus paraître dans la baie de Manille ; leurs Corfaires ou
Pirates n’ofoient approcher, pendant que de mon temps
de fimples bateaux de î ces peuples répandoient la terreur à
Manille; n’y ayant pas alors la plus petite embarcation à'
envoyer contr’eux. Sous le Gouvernement de Tavora, l ’Empereur
du Japon envoya une ambaflade pour le plaindre de
ce que les Galions avoient pris à la barre de Siam deux
jonques qui lui appartenoient ; Tavora donna fort làgement
làtisfaéHon à 1 Ambalîàdeur, & lui fit voir en même temps
toutes lès forces.
Au milieu de toutes ces prolpérités, Manille en étoit
perpétuellement aux mains avec Jolo & Mindanao, qu’elle
n’a jamais pu foumettre abfolument, car c’étoit toujours à
recommencer; il falloit continuellement aller les réprimer.
L ’année i 639 ne fut pas favorable à Manille; les Chinois,
au nombre de plus de vingt, mille, le foulevèrent; ils forent
repoufles à la vérité, mais les Efpagnols perdirent l’île
Formofe, que les Hollandois leur enlevèrent. Il femble que
cette époque foit celle du commencement du déclin de
Manille; le Gouverneur fous lequel arriva cette perte gouverna
neuf ans avec beaucoup de droiture & d’intégrité ; mais il
ne fol pas toujours heureux , & fon focceiîèur lui fit foufirir
une rude réfidence; enfin il répaffa à Madrid, où il jouit
.de.ibeaucoup plus de bonheur : il eil le feul Gouverneur de
Manille qui foit mort en Eipagne.
L ’Audience royale, de fon côté, fe faifoit "craindre à
Manille; elle avoit droit de nommer un Oidor pour gouverner
par intérim iorlque le Gouvernement venoit à vaquer;
cette prérogative enorgueillit l’Audience royale, & la porta
à attenter contre la perfonne de l’Archevêque de Manille;
ce Prélat fut donc emprifouné, & en même temps privé de
fon Archevêché par l’Audience royale. Cette affaire , qui fit
beaucoup de bruit, arriva fous le Gouverneur dont je viens
de parler; je, ne fais quel parti avoit pris, dans cette affaire,
ce Gouverneur, ni ce qu elle devint.
Je ne trouve rien de remarquable dans les aélions des
Gouverneurs qui fuivent; ils foutinrent plus ou moins bien
le nom que Manille s’étoit acquis fous les précédens gouver-
nemens; leurs plus grandes aélions forent de faire rentrer
dans 1 obéilfance les provinces de Luçon, qui fe révoltèrent