» par un avifo : îa nuit fuivante on détacha un Officier qui
» porta cette lettre. Le lendemain matin, vers les onze heures,
» il aborda au fort un canot qui s’étoit détaché de l’elcadre,
» qui portait deux officiers Anglois & le nôtre qui revenoit
»avec un paquet ligné de l’amiral Samuel Cornis, & du
» brigadier Guillaume Draptft, Commandant en chef les troupes
» de terre de Sa Majefté Britannique deftinées à la préfente
» expédition : dans leur lettre, ils annonçoient qu’ils venoîent
» par ordre de leur Souverain afin de conquérir les liles : en
» conlequence ils preifoient qu’on leur remît la place de Manille,
» lès fortifications & fon territoire ; que fi on ne le faifoit pas
» ou bien fi on faifoit réfiftance ( ce qu’ils t iavoient pas lieu
» d’efpérer, à moins que les auteurs de la réfiftance ne fuifent
» des fous, fatuos) ils avoient amené des forces -formidables
» pour fe rendre, par les armes, les maîtres de tout le terrein,
» & qu’ils commenceroient à entrer en hoftilité immédiatement
» après avoir reçu la réponfe.
» Le Capitaine général leur répondit, que la propofition qui
» venoit d’être faite ne pouvoit être acceptée par des fujets auffi
» fidèles à leur Roi, & qu’ils étaient tous réfolus à fàcrifier leur
» vie pour la défenfe de la Religion & l’honneur des armes
» de leur Souverain.
» Dès qu’ils eurent reçü la réponfê, toute l’elcadre fe mit
»en mouvement vers les fix heures du foir du 2.3 , ils s’ap-
» prochèrent le plus qu’ils purent du rivage au Sud de la ville,
»en face du réduit nommé Saint-Antoine-Abbé, qui fervoit
» de cafemate, éloigné de la ville d’une bonne demi-lieue.
» Cette même nuit jufqu’au point du jour, on fut occupé à
»retirer de ce-porte toute la poudre à canon; mais on fut
•» obligé d’abandonner ce même porte avec quelque^ effets &
beaucoup de falpêtre, parce que les ennemis firent leur «
débarquement en cet endroit même, fe faifant foutenir de «
l’artillerie de leurs Vailfeaux : ils s’emparèrent du réduit, «
ainfi que des églifes de Malaté, de Notre-Dame de bonne- «
conduite & de Saint - Jacques, des faubourgs & des cafés «■
qui s’étendent le long de la mer, depuis l’églife de Saint-Jean- «
de-Bagumbayan, éloignée de la ville de quatre-vingt-cinq «
toifes , jufqu’au réduit. Cette même nuit on détacha de la «
garnifon deux piquets de fufiliers, commandés par * * * * , «
avec ordre d’attaquer l’ennemi, de le déloger s'il était pofe «
fibie , & d’empêcher en même temps le débarquement qui ■*
continuoit d’avoir lieu dans différens endroits du rivage : «
ces piquets effuyèrent un feu très-vigoureux de fufillerie «
ennemie, qui étoit dans i’églife de Saint-Jacques & dans «
les marions voifines , de forte qu’ils fe retirèrent avec «
défordre. «
Le 2 4 , vers les huit heures du matin, on commença de «
faluer l’ennemi avec l’artillerie des boulevards delà Fondition “
& de Saint-André; mais avec peu d’effet, parce qu’il étoit «
derrière les églifes qui le garantiflbient. »
C ’étaient ces deux églifes que M. Arandia voulut foire
abattre un an avant fa mort, & pour lefquelles les Moines
vouloient l’excommunier : il eft bien certain que ces deux
citadelles, qui n’étaient pas à plus de quatre-vingts toifes du
corps de la Place, ont hâté & avancé la prife de la ville.
C ’eft à la faveur de ces églifes , que les Anglois élevèrent
& formèrent, avec la plus grande facilité , leurs batteries
de mortiers & de canons; ils ruinèrent enfuite ces églifes:
ils eurent une peine incroyable à en venir à bout. J’ai
encore vu les ruines d’une de ces églifes, dont les mur?